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Une start-up américaine s'attaque au monopole des salles de cinéma

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"Sean Parker, le créateur de Napster et un des actionnaires historiques de Facebook, veut lancer un service pour permettre de voir de chez soi les films qui sortent en salle. Son projet séduit autant les studios hollywoodiens qu'il inquiète les exploitants de salles."

Ira-t-on encore au cinéma dans les années 20? Si le créateur de The Screening Room parvient à imposer ses boîtiers, on est en droit d'en douter. Cette start-up américaine prépare discrètement une sorte de Netflix des films en salle. Concrètement il s'agirait de proposer un service qui permettrait à tout un chacun de voir sur sa télé les films lorsqu'ils sortent au cinéma. Et ce en toute légalité. Voilà qui ne devrait pas plaire du tout aux exploitants de salles de cinéma pour qui The Screening Room constituerait une concurrence frontale.

D'autant que derrière ce projet très ambitieux on ne retrouve pas n'importe qui. C'est Sean Parker, un des premiers actionnaires de Facebook qui en est à l'origine. L'homme s'était fait connaître à la fin des années 90 en lançant Napster, la première plateforme de téléchargement de fichiers peer-to-peer, inventant au passage le téléchargement illégal. 

50 dollars le film

Mais rien de tel avec The Screening Room. Le service sera payant et les ayant-droits grassement rémunérés. La société commercialiserait une box qui serait vendue 150 dollars. Elle permettrait d'accéder au programme qui comme au cinéma changerait toutes les semaines. Chaque film coûterait 50 dollars à la location et serait disponible durant 48 heures. La somme peut paraître élevée si on la compare aux tarifs actuels de la VOD (entre 2 et 5 euros la location pour 48 heures). Cela représente le prix moyen d'une séance pour une famille de 5 personnes. Mais à ce prix-là, The Screening Room ajouterait des places pour aller voir le même film dans la salle de son choix. 

Les studios hollywoodiens accepteront-ils de diffuser leurs films sur une plateforme directement reliée aux téléviseurs des cinéphiles? Aussi curieux que cela puisse paraître, il semble que oui. Selon Variety, les studios Universal ("Les Minions", "Jurassic World"...) 20th Century Fox ("Le Revenant", "Kung Fu Panda") et Sony Pictures ("James Bond") seraient très intéressés par le projet et étudieraient le business modèle. Disney aurait en revanche fermé les portes aux discussions.

Des projets avortés à cause des exploitants

Qu'auraient à gagner les studios en cédant aux avances de ce pourfendeur des salles de cinéma? Des revenus supplémentaires à l'heure où les ventes de DVD s'effondrent un peu plus chaque année. The Screening Room leur reverserait, selon Variety, 20% des revenus générés par la location. Soit 10 dollars par film.

Ces dernières années des projets similaires ont failli voir le jour. Universal et Paramount s'étaient ainsi associés pour lancer une plateforme. En vain. Les exploitants de salle de cinéma avaient fait pression pour tuer le projet dans l'oeuf. Une box baptisée Prima Cinema sur le créneau des films en salle est néanmoins disponible depuis quelques jours aux Etats-Unis. Mais son prix est astronomique (35.000 dollars) et chaque film coûte 500 dollars. Un boîtier sécurisé avec empreinte digitale pour éviter les fuites et le piratage. Pas vraiment l'appareil grand public que compte lancer Sean Parker.

Les salles françaises protégées par la loi

Si The Screening Room pourrait se lancer aux Etats-Unis, en France la société se heuterait à la règlementation. La chronologie des médias impose en effet aux studios de respecter un délai entre l'exploitation en salle et sur d'autres supports comme le DVD, la VOD et le streaming et la télé. Cette durée est de 4 mois après la sortie du film pour le DVD et la VOD, de 22 mois pour la télé payante (Canal+) et 36 mois pour la vidéo à la demande par abonnement (Netflix). 

Frédéric Bianchi