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Transports

Cette ville a banni les voitures en faisant circuler les piétons sur des tapis roulants

Pour accéder au cœur médiéval de Spolète, dans le centre de l'Italie, les visiteurs cheminent à pied par un "métro" formé de longs tapis roulants souterrains. Ce réseau mécanisé et piétonnier a permis de chasser les voitures de passage du centre ville historique.

Au pays de la Vespa, circuler en ville à pied et en tapis roulant, est-ce tendance? À Spolète, ville de 38.000 habitants située au centre de la péninsule à 130 km de Rome, c'est le cas. Alors que cette cité touristique était surtout connue pour sa vieille ville, elle bénéficie d'un réseau souterrain totalement mécanisé et piétonnier, unique en Italie et sans doute en Europe.

Le visiteur de passage est invité à stationner à l'extérieur de la ville sur des parkings payants. De ces zones de stationnement, il aura accès au réseau public de transport comme à un métro, à la notable différence qu'on y circule qu'à pied par une succession d'ascenseurs, d'escaliers mécaniques et de longs couloirs avec tapis roulants.

Des stations intermédiaires desservent les nombreuses places de la ville. Le terminus atteint le point culminant de la vieille ville, la Rocca Albornoziana, forteresse médiévale perchée en haut de la colline. Le prix de ce mode de transport, à l'accès gratuit, est inclus dans le parking payé au départ par le visiteur.

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- © Le réseau souterrain mécanisé de Spotèle a coûté environ 60 millions d'euros.

Qualifié de système de mobilité alternative par ses créateurs, ce métro piétonnier résout de manière originale le problème de l'accès à une ville aux rues étroites, dense en monuments historiques et perchée sur une colline. Ce choix évite le recours par exemple au téléphérique urbain qu'ont choisi d'autres villes mais qui a l'inconvénient d'altérer le paysage.

C'est aussi une forme d'engagement "écologique". Le réseau mécanisé souterrain contribue à l'objectif du "zéro voiture", recherché par tant de villes. En l'occurrence, seuls certains résidents de la ville italienne ont gardé le droit de rouler en voiture.

Il a fallu tenir compte de la forte sismicité de la région

En revanche, à Spolète, pour mener à bien ce projet, il a fallu creuser sous la colline en tenant compte d'une difficulté majeure, la forte sismicité de cette zone de la province de Pérouse. Les travaux, qui ont duré plus de 30 ans, ont coûté la bagatelle de 60 millions d'euros dont les deux tiers ont été financés par les ministères italiens des Transports et de l'Environnement.

Ouvert partiellement fin 2014, le métro piétonnier a accueilli en 2015 plus d'un million de passagers à pied dès sa première année de fonctionnement. En 2016, alors que les travaux n'étaient encore pas tout à fait finis, plus de deux millions de visiteurs ont utilisé le métro sans train de Spolète qui, en 2017, a été définitivement achevé.

Seul regret pour cette ville qui a réussi à bannir la voiture de son cœur historique: la ligne ferroviaire qui la relie à Rome, à cause de ses trains peu fréquents, n'offre pas de mode transport alternatif non polluant aux visiteurs.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco