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La CFDT veut peser sur une réforme des retraites encore floue

Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, se dit déterminé à peser sur la réforme des retraites, reprochant au gouvernement de vouloir aller trop vite sur un dossier aux contours encore flous. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier

Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, se dit déterminé à peser sur la réforme des retraites, reprochant au gouvernement de vouloir aller trop vite sur un dossier aux contours encore flous. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier - -

PARIS - Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, se dit déterminé à peser sur la réforme des retraites, reprochant au gouvernement de...

PARIS (Reuters) - Les syndicats sont déterminés à peser sur la réforme des retraites en France, même si c'est en ordre dispersé, alors que le ministre du Travail, Eric Woerth, a repris mardi ses consultations avec les partenaires sociaux.

Dans le "document d'orientation" qui sert de base à cette nouvelle phase de concertation, le gouvernement s'engage à ramener les régimes français de retraite à l'équilibre à l'horizon 2020-2030.

Il mise pour ce faire sur l'allongement de l'activité et propose, en gage d'équité, une contribution des hauts revenus et des revenus du capital.

"Nous préciserons le moment venu ce que nous entendons par hauts revenus mais sachez que les classes moyennes seront épargnées", a dit Erich Woerth dans un entretien au Parisien.

Le ministre du Budget, François Baroin, a évoqué un "élément de référence" équivalent à trois ou quatre fois le plafond de la Sécurité sociale, qui s'élève à 2.885 euros par mois.

Le gouvernement s'engage à exclure la future contribution du périmètre du "bouclier fiscal", qui limite les impôts directs payés par un contribuable à 50% de ses revenus.

"J'ai confirmé le désaccord de fond que nous avions sur le document d'orientation", a dit le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, premier dirigeant reçu par Eric Woerth dans le nouveau cycle de concertation.

Ce désaccord porte "sur la manière de régler le problème financier des retraites" et sur le fait que le gouvernement privilégie l'allongement de la durée du travail, a-t-il ajouté.

Il a notamment plaidé pour une taxation accrue des dividendes versés par les entreprises, tout en affirmant ne pas être contre une augmentation d'un point de la CSG (Contribution sociale généralisée) à condition que son assiette soit révisée.

LA CFDT DÉPLORE UNE PORTE FERMÉE

Son homologue de la CFDT, François Chérèque, qui sera reçu vendredi par Eric Woerth, reproche pour sa part au gouvernement d'aller trop vite sur un dossier aux contours encore flous.

Selon le ministère du Travail, le projet de loi doit être prêt autour du 20 juin, pour une présentation en conseil des ministres le 13 ou le 15 juillet.

Le gouvernement a cependant délibérément choisi d'attendre que le congrès de la CFDT, prévu le 11 juin, soit passé.

"Le gouvernement (...) semble plutôt vouloir fermer la porte", a déploré François Chérèque sur RTL.

Dans une interview au Monde, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dit ne pas attendre "grand-chose de positif" du document gouvernemental qu'il juge en partie inspiré par "les vues du Medef", la principale organisation patronale.

La CGT, la CFDT, la CFTC, la FSU et les syndicats Unsa et Solidaires ont lancé un appel à une journée de mobilisation contre le projet gouvernemental le 27 mai.

Bernard Thibault, qui sera reçu mercredi par Eric Woerth après la présidente du Medef, Laurence Parisot, souhaite convaincre FO de se joindre à cette mobilisation.

Une invitation déclinée par Jean-Claude Mailly, qui s'en tient à l'appel de FO à une journée d'action le 15 juin (pour plus de détails, voir ).

LE PS POUR UNE "RETRAITE CHOISIE"

Le Medef juge pour sa part "absolument nécessaire" le "relèvement des bornes d'âge et de la durée de cotisation", a déclaré Laurence Parisot, pour qui la piste des revenus du capital ou d'une fiscalité spécifique sur les hauts revenus est trop floue pour se prononcer.

Du côté de l'opposition politique, le Parti socialiste, qui refuse de toucher à l'âge légal de la retraite (60 ans) et écarte un allongement de la durée de cotisation avec 2025, a présenté ses propres propositions mardi soir.

Il propose notamment de taxer fortement les stock-options, d'augmenter d'un point les cotisations salariales et patronales sur dix ans et de mettre en place une "retraite choisie" .

Selon un sondage Cecop/CSA réalisé les 14 et 15 avril et publié mardi dans La Tribune, 64% des Français jugent néanmoins nécessaire le relèvement de l'âge légal de la retraite et la moitié est prête à travailler jusqu'à 62 ans.

Emmanuel Jarry avec Elizabeth Pineau, Véronique Tison et Laure Bretton, édité par Yves Clarisse