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Cinéma : l'histoire du héros méconnu de la seconde guerre mondiale

Le film Imitation Game est nominé 8 fois aux Oscars. Benedict Cumberbatch qui joue le rôle du héros Alan Turing concourt dans la catégorie du meilleur acteur

Le film Imitation Game est nominé 8 fois aux Oscars. Benedict Cumberbatch qui joue le rôle du héros Alan Turing concourt dans la catégorie du meilleur acteur - Film Nation

Aujourd'hui sort en salles le film Imitation Game. L'histoire vraie d'un génie des mathématiques qui invente le premier ordinateur à 24 ans et participe à la victoire des alliés en 1945 en cassant les codes secrets des communications allemandes.

La guerre peut se gagner de manière beaucoup plus silencieuse qu'à coups de canons et de bombardements. C'est sur cette idée que repose l'intrigue du film Imitation Game qui sort aujourd'hui en salles. L'histoire vraie du britannique Alan Turing (joué à l'écran par Benedict Cumberbatch, nominé aux prochains oscars en tant que meilleur acteur), génie des mathématiques et qui sera le héros de l’ombre de la seconde guerre mondiale. Selon les historiens, ses travaux ont permis de réduire d’environ deux ans la capacité de résistance du régime nazi. Aidé par les recherches de scientifiques polonais, il a ainsi réussi à percer les formules de cryptage de la machine à coder Enigma utilisée par les nazis pour communiquer entre eux.

L'un des cerveaux les plus brillants de sa génération

En 1939, quelques jours avant l’invasion de la Pologne par les Allemands, des cryptologues polonais ont ainsi transmis à l’ambassade de Grande Bretagne leurs travaux sur le déchiffrage des codes utilisés par l’armée et la diplomatie allemande pour ses communications. Travaux que perfectionne par la suite Alan Turing. Identifié comme l’un des cerveaux les plus brillants du Royaume Uni, le gouvernement britannique le fait en effet déjà plancher sur le chiffrement et la cryptanalyse dès 1938. 

D’origine allemande, les machines Enigma ressemblaient à des machines à écrire. Utilisant une technologie d’électromécanique, elles faisaient appel à des rotors montés sur des cylindres pour effectuer le chiffrement de l’information. En réussissant à percer le code, Alan Turing a ainsi permis aux alliés de déchiffrer les messages protégés par ces machines et de récolter de précieux renseignements sur l’armée de terre et l’aviation allemandes. Sa technique consistait en fait à créer une « bombe » électromécanique qui éliminait l’ensemble des clés de codage et rendait le message lisible.

Il invente le premier ordinateur en 1948

Mais la période 1939-1945 ne fut qu’une étape dans la carrière d’Alan Turing. Déjà repéré en 1936 parmi les mathématiciens les plus doués de l’époque, il met au point très jeune la machine de Turing, une sorte d’ordinateur mécanique doté de mémoire. En 1943, il rejoint les Etats Unis et participe aux travaux qui aboutissent là encore à casser le code de chiffrement d’une autre machine allemande –le téléscripteur de Fish- qui servait aux communications du haut commandement allemand et de l’Etat Major d’Adolf Hitler. C’est à partir de ces recherches qu’Alan Turing s’oriente vers la conception d’un ordinateur qu’il dénommera l’ACE (Automatic Computing Engine), et qu'il présentera en 1948. Il poursuivra en parallèle des travaux sur l’intelligence articifielle, mettant au point une méthode baptisée test de Turing.

Fait-il partie de la légende Apple ?

Dénoncé comme homosexuel, il est condamné en 1952 à suivre un traitement de castration chimique (il a préféré cette peine à la prison) et écarté de nombreux projets scientifiques. Il meurt tragiquement en 1954 en mangeant une pomme qu’il avait préalablement imprégné de cyanure. Certains continuent à penser que Steve Jobs a voulu lui rendre hommage en prenant la pomme comme symbole de sa société, mais la légende a été démentie depuis.

Aujourd'hui considéré comme le père de l’informatique, Alan Turing est célébré chaque année depuis 1966, avec une récompense portant son nom, qui correspond au prix Nobel de l’Informatique. Il a été réhabilité le 24 décembre 2013 par la reine d’Angleterre Elizabeth II qui lui a accordé le pardon royal. 

Frédéric Simottel