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Coeur artificiel: une communication à haut risque

Le professeur Alain Carpentier, père du coeur artificiel, avait imputé le décès du premier transplanté cardiaque de Carmat à un court circuit.

Le professeur Alain Carpentier, père du coeur artificiel, avait imputé le décès du premier transplanté cardiaque de Carmat à un court circuit. - Kenzo Tribouillard - AFP

Carmat a procédé à un deuxième essai sur l'homme de son coeur artificiel, indique la presse ce 5 septembre. La société, elle, ne communique pas depuis les couacs recontrés lors du premier essai.

L'action Carmat décolle ce 5 septembre. Le titre prend plus de 10% à la Bourse de Paris, alors que s'étale dans la presse l'annonce de l'implantation d'un cœur artificiel sur un second patient. Le fabricant de la prothèse, lui, a décidé de ne plus communiquer sur ses essais humains.

Selon Libération et France Inter, une deuxième prothèse a été implantée sur un patient il y a quelques semaines à Nantes. Une opération menée "dans la plus grande discrétion", selon le quotidien. Carmat, qui avait beaucoup misé sur la communication à ses débuts, a revu sa stratégie depuis le décès du "patient zéro" et les couacs qui l'ont suivi.

En autres prises de parole désordonnées des différents acteurs du projet, celle du chirurgien à l'origine de l'invention du cœur artificiel, le docteur Alain Carpentier, a fait date. Il avait attribué le décès du premier greffé cardiaque Carmat à un "court-circuit" de la prothèse. L'autre fondateur de l'entreprise, Philippe Pouletty, avait immédiatement démenti.

Le titre en dents de scie

Lorsque la société s'introduit en Bourse en 2010, afin de financer le développement de sa prothèse, elle mise avec succès sur la communication pour séduire les investisseurs, et convaincre les autorités de lancer les tests de sa prothèse sur l'Homme.

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Mais cette arme devient "délicate à manier maintenant que des vies humaines sont en jeu", note Le Monde en mars. Il y a la sensibilité des familles à préserver. Et puis, la moindre déclaration impacte directement le titre, qui évolue en dents de scie, au gré des avancées ou des échecs de ses expérimentations.

Le 20 décembre 2013, la société annonce l'implantation du premier humain. Son action passe de 102 euros à 118 en dix jours, et le volume d'échange sur le titre explose de 3.200 le 19 décembre à plus de 280.000 le lendemain.

Retour de bâton le 3 mars, quand la PME annonce la mort du patient zéro. L'action, à plus 95 euros, chute sous les 90. Le titre est suspendu de cotation, le 4 mars. Il continuera ensuite à baisser pendant quelques mois, jusqu'à frôler les 70 euros le 16 juillet avant de remonter.

Nina Godart