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Comment Air France met la pression sur ses salariés

Air France négocie actuellement les détails du plan Perform 2020

Air France négocie actuellement les détails du plan Perform 2020 - Eric Piermont - AFP

La compagnie aérienne a menacé, ce vendredi 4 septembre, de fermer 10% des lignes long-courriers si elle ne parvient pas à trouver un accord sur le temps de travail avec le personnel navigant dans le cadre du Plan Perform 2020.

Travailler plus pour le même salaire ou supprimer des lignes long-courriers et donc des emplois, c’est le choix que la direction d’Air France propose aux syndicats qui bloquent le processus de négociation.

A commencer par les pilotes. Leurs syndicats disposent d’un petit mois pour se décider. La direction d’Air France, elle, est lasse de voir les discussions piétiner alors qu’il y a urgence. A peine plus de 50% des lignes de la compagnie long-courrier sont actuellement rentables.

Or pour que le plan stratégique Perform 2020 permette à la compagnie de dégager des bénéfices qui la rendent viable, il faut, entre autres, que 80% de ces lignes soient rentables. Un objectif que Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, a fixé à l'horizon 2017. Cela suppose des efforts de tout le personnel. Or les négociations bloquent à différents niveaux. Un peu du côté des hôtesses et des stewards. Et beaucoup du côté des pilotes.

Un plan B douloureux

Pour parvenir à ses objectifs, la direction souhaite que le personnel navigant s’aligne sur les conditions de travail de ses concurrents européens, British Airways et Lufthansa. Ce qui suppose une augmentation du temps passé à bord des avions de 15 à 20%, évidemment pour un salaire équivalent.

Mais si les représentants des salariés refusent cette mesure, Air France a un plan B, qui fera nettement plus mal: 10% de dessertes en moins sur le long courrier. En clair, dix avions sortiraient de la flotte. Or, selon le secrétaire général de la CFE-CGC Ronald Noirot, un avion équivaut à environ 350 emplois. Pour l’instant la direction ne fait pas d’évaluation mais elle prévient que ce ne se fera pas sous la forme d’un plan de départ volontaire.

En clair, les pilotes sont invités à jouer "collectif", autrement la manière forte sera employée. Pas un mot en revanche sur l’éventuelle création d’une filiale low cost long courrier, qui de toute façon ne résoudrait qu’une toute petite partie des problèmes d’Air France sur son réseau long courrier. La compagnie pourrait encore donner davantage d'informations, lors de deux prochains rendez-vous: la tenue d'un comité central d'entreprise les 24 et 25 septembre prochains et un conseil d'administration, le 2 octobre.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco