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Apple a perdu 20% de sa valeur en 21 jours

Le marché chinois qui a permis à Apple de réaliser des résultats exceptionnels, représente désormais un quart de son chiffre d’affaires. Et quand sa devise s’enrhume, Apple éternue.

Le marché chinois qui a permis à Apple de réaliser des résultats exceptionnels, représente désormais un quart de son chiffre d’affaires. Et quand sa devise s’enrhume, Apple éternue. - Johannes Eisele - AFP

En seulement trois semaines, l'action du géant californien a perdu un cinquième de sa valeur boursière, soit 100 milliards de dollars. Explications.

L’année 2015 avait bien commencé pour les actionnaires d'Apple. En février, le cours atteignait même les 127 dollars, portant la capitalisation d'Apple à un niveau qu'aucune autre entreprise cotée n'avait jamais atteint: 714 milliards de dollars. Un montant deux fois supérieur à la valeur en Bourse du pétrolier ExxonMobil, longtemps détenteur de ce même titre. Apple pesait alors autant que Google et Microsoft réunis.

Mais ça, c’était avant. Au cours des trois dernières semaines, le cours a perdu 20% faisant s’évaporer 100 milliards de dollars. Les actionnaires restés fidèles à Apple comme les analystes du secteur scrutent de près tous les éléments expliquant cette chute brutale et cherchent à savoir si cette mauvaise passe va durer.

L'Apple Watch et Apple Music en attente de succès

Car beaucoup d’éléments pèsent dans la balance. Les ventes d’iPad continuent de baisser et l’iPhone 6 est loin d'avoir convaincu tous les possesseurs des précédents modèles. Selon l’aveu même de Tim Cook, patron d’Apple, un quart seulement s'est laissé tenter.

Pour l’Apple Watch et l’Apple Music, on est dans le flou le plus total. Mais cette absence d'informations laissent craindre le pire. Il se dit par exemple que ventes de montres connectées auraient chuté de 90% quelques semaines après un lancement en fanfare. Quant au streaming musical, une étude du cabinet Music Watch affirmait mi août qu'un utilisateur sur deux aurait déjà abandonné le service. Un chiffre démenti par Apple qui révèle ce jeudi 20 août avoir fidélisé 79% des utilisateurs.

En tous les cas, la bourse attendait mieux. Même si les derniers chiffres du groupe sont on ne peut plus positif avec un bénéfice en hausse de 40% et des ventes en progression de 32%. Fin juillet, lors de l’annonce des résultats semestriels, Tim Cook qualifiait ces performances "d’extraordinaires".

La baisse du pouvoir d'achat en Chine pénalise l'iPhone

En effet, les déboires commerciaux d'Apple ont impacté l’action début juillet, mais ils n'expliquent pas la poursuite de la chute. Pour le suisse Andreas Ruhlmann, Premium Client Manager à IG Bank, Tim Cook n’est pas seul responsable. "La baisse s’est prolongée avec la perspective d’une hausse du taux d’intérêt par la Fed", observe-t-il tout en notant que ce n’est pas un problème pour Apple qui dispose "des liquidités nécessaires pour ne pas avoir à emprunter."

L’élément qui a le plus impacté la valeur du géant américain est lié à la dévaluation du yuan. Le marché chinois qui ces dernières années a permis à Apple de réaliser des résultats exceptionnels, représente désormais un quart de son chiffre d’affaires. Et quand sa devise s’enrhume, Apple éternue. Le pouvoir d’achat des Chinois baisse et l’iPhone représente désormais 14% du salaire annuel moyen. 

Pour Carl Icahn, l'action remontera à... 240 dollars

Tel Icare, Apple est-il condamné à chuter après avoir trop approché le soleil ? Pas pour tout le monde. Selon l’investisseur Carl Icahn, l’action d’Apple est encore loin de son potentiel. Selon lui, elle devrait atteindre les 240 dollars pour une valorisation de… 1.500 milliards de dollars en 2020. Et ce n’est pas de nouveaux iPhone prévu pour septembre qui vont l’y aider mais "la voiture, la télévision et la montre connectée."

Dans un courrier adressé avant l’été à Tim Cook, il soutient sa stratégie et tacle les observateurs. "Les grands investisseurs institutionnels, les analystes de Wall Street et les médias continuent de se méprendre sur Apple et (…), échouent à reconnaître ses perspectives de croissance. […] Le monde se souviendra de la sous-évaluation d’aujourd’hui comme un exemple fascinant de l’inefficacité du marché." Un manière bien à lui d'inciter les investisseurs à profiter du petit coup de blues dont Apple est victime.

Pascal Samama