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Comment ce bus écolo parvient à recharger ses batteries aux arrêts

Le constructeur suédois Scania a mis au point, pour son autobus hybride Citywide LE, un inédit système de rechargement par induction.

Le constructeur suédois Scania a mis au point, pour son autobus hybride Citywide LE, un inédit système de rechargement par induction. - Scania Media

Depuis la mi-décembre, le constructeur suédois Scania teste en conditions réelles un nouveau modèle de bus hybride. Ce véhicule recharge ses batteries en roulant mais aussi à chaque arrêt grâce à des capteurs placés dans la chaussée.

Les réglementations de plus en plus strictes (normes antipollution, quotas de bus propres dans les flottes, etc) poussent le secteur des transports à devenir un peu plus vert. Ce qui oblige les constructeurs de bus et cars à développer des motorisations plus respectueuses de l’environnement, fonctionnant au gaz naturel, au biogaz ou encore à l’électricité. Pour les gestionnaires de parc encore attachés au diesel ou à sa déclinaison plus écolo -le biodiesel- les marques comme Mercedes-Benz, Iveco ou encore Heuliez Bus ont fait de l’hybridation de leurs véhicules une spécialité. Elles associent désormais à leurs moteurs thermiques des blocs électriques.

La technologie plug-in hybride appliquée aux autobus

Propriété du groupe Volkswagen, Scania ne déroge pas à la règle. Le constructeur suédois propose depuis 2015 une déclinaison hybride de son autobus Citywide. Mais l'entreprise entend bien se démarquer de ses concurrents et rêve de voir ses véhicules rouler en 100% électrique sur quelques kilomètres. Pour y parvenir, elle a choisi de transformer la ville de Södertälge, une cité située au sud de Stockholm, en un véritable laboratoire.

Scania s'est attardé sur l'une des lignes du réseau local et y fait circuler un exemplaire - profondément modifié - de son modèle Citywide. Le toit du véhicule a été équipé de batteries et le dessous de son châssis de plusieurs capteurs permettant de recharger ces accumulateurs par induction. Les arrêts de la ligne desservie ont également été modifiés afin que soient intégrés à leur chaussée les bobines permettant de faire circuler le courant électrique vers le bus, comme le montre le schéma ci-dessous. 

Les batteries sont placées sur le toit du véhicule, le système de rechargement par induction sous son châssis.
Les batteries sont placées sur le toit du véhicule, le système de rechargement par induction sous son châssis. © Scania Media
La recharge des batteries de l'autobus s'effectue grâce à un dispositif placé sous son châssis.
La recharge des batteries de l'autobus s'effectue grâce à un dispositif placé sous son châssis. © Scania Media

Le "biberonnage", alternative à la recharge par induction

Selon Scania, le système de rechargement par induction mis en place dans le cadre de cette expérimentation permet au véhicule testé de recharger ses batteries en 6 à 7 minutes, lui apportant les 10 kilomètres d'autonomie nécessaires pour réaliser son parcours. Si cette méthode de rechargement par induction fait ses preuves, elle pourrait être industrialisée puis proposée par le constructeur aux autorités organisatrices de transport afin de faciliter le déploiement des bus électriques dans les centres villes.

L'autonomie toute relative de ces véhicules freine encore leur diffusion et pose plusieurs problèmes techniques aux gestionnaires des lignes. Une autre alternative consiste à recharger les batteries des véhicules par "biberonnage", au moyen d'un bras articulé qui se déploie à chaque arrêt. À l'occasion de la COP21, BlueSolutions, la filiale de Bolloré dédiée à la mobilité, avait fait circuler à Paris, sur les Champs-Élysées, un minibus électrique utilisant cette technologie. 

4 millions d'euros d'investissement 

Dans l'immédiat, les transporteurs convertis à l'électrique privilégient le rechargement des véhicules en fin de service, au sein de leurs dépôts, plutôt qu'en cours de trajet. Un choix justifié par des raisons pratiques (pas besoin de travaux aux arrêts et sur la voirie) et de coût. 

L'expérience menée par Scania en Suède a nécessité un investissement de 4 millions d'euros, financée à 50% par le constructeur. Le reste étant à la charge du fournisseur local d'énergie Vattenfall, de l'Institut royal de technologie, et des services communaux de transport de la région de Stockholm. 

Antonin Moriscot Journaliste BFMTV