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Comment Enedis aide les Français à consommer leur propre électricité 

Le gestionnaire du réseau électrique a décidé d'accompagner les Français qui désirent consommer l'électricité qu'ils produisent. (image d'illustration)

Le gestionnaire du réseau électrique a décidé d'accompagner les Français qui désirent consommer l'électricité qu'ils produisent. (image d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

La filiale d’EDF chargée du réseau de distribution d’électricité vient de lancer un programme d'accompagnement des clients qui ont fait le choix de consommer l'énergie produite via leurs propres panneaux solaires.

De plus en plus de possibilités s'offrent aux Français pour accéder à l'électricité. Ces derniers peuvent souscrire un abonnement auprès de l'un des nombreux fournisseurs (EDF, Engie, Lampiris, Eni, Mint Énergie, ekWateur, Plüm Énergie ...) présents sur le marché et désormais consommer l'énergie qu'ils produisent grâce aux sources renouvelables que sont le solaire ou l'éolien. Encouragée par l'État cette pratique n'en est qu'à ses balbutiements. Aussi, le gestionnaire du réseau de distribution de courant, Enedis (ex-GRDF), a décidé d'expérimenter une solution pour accompagner les consommateurs tentés par l'aventure.

Dans un premier temps, l'entreprise (filiale d'EDF) a décidé d'accompagner une dizaine de projets d'autoconsommation collective. À la différence de l'autoconsommation individuelle, pratiquée actuellement par environ 14.000 clients, l'autoconsommation collective rassemble plusieurs consommateurs (particuliers, immeubles, bâtiments tertiaires, entreprises, etc.) qui se partagent l'électricité produite grâce à leurs panneaux solaires. Le cadre réglementaire de cette pratique a été finalisé en début d'année, et Enedis doit faciliter les opérations d'autoconsommation, notamment en raccordant les installations électriques et en installant les compteurs intelligents Linky (voir encadré) chez les clients concernés.

La filiale d'EDF lance donc une "solution" qu'elle va expérimenter sur "une dizaine" de projets cette année, et "quelques dizaines" en 2018, indique Jean-Baptiste Galland, directeur de la stratégie d'Enedis. Le premier projet se situera dans les Pyrénées-Orientales avec la société spécialisée dans le solaire Tecsol et le Conseil départemental, a-t-il expliqué. Cinq sites clients: une entreprise, et quatre consommateurs résidentiels- ont été retenus pour autoconsommer leur production d'électricité.

"Répondre à une tendance sociétale" 

Concrètement, le rôle d'Enedis est de mesurer, calculer et communiquer aux clients les quantités d'électricité produites et à répartir entre eux. Le gestionnaire du réseau garantit également l'alimentation en courant si la production locale est insuffisante. Enedis entend ainsi "répondre à cette tendance sociétale" en faveur d'une production et d'une consommation locale, comme dans l'alimentaire, même si cette évolution ne va pas sans difficulté, souligne Jean-Baptiste Galland.

Mais l'entreprise souhaiterait notamment une adaptation du tarif d'acheminement de l'électricité (Turpe), payé sur la facture des consommateurs, et sur lequel Enedis se rémunère pour la gestion du réseau. Le directeur de la stratégie explique qu'"il faudrait rééquilibrer" la structure du tarif, aujourd'hui principalement dépendant de la quantité d'énergie transportée, qui pourrait diminuer avec les économies d'énergie et l'autoconsommation, alors qu'Enedis "a plus de coûts fixes que variables".

La société a d'ailleurs déposé un recours contre la dernière version du tarif, fixée par la Commission de régulation de l'énergie en début d'année. Des réflexions sont également en cours pour créer un nouveau tarif, moins élevé, qui rémunérerait Enedis pour le courant qui circule sur le réseau reliant plusieurs clients en autoconsommation collective.

Le déploiement des compteurs Linky avance

La pose du compteur communiquant Linky, en remplacement des anciens compteurs électriques a débuté en décembre 2015. Une vaste opération qui devrait se terminer fin 2019. Selon Enedis, depuis le début de ce programme, plus de 3,8 millions de compteurs électriques communicants ont été installés dans les foyers français. L'entreprise précise que leur déploiement devrait prochainement s'accélérer.

"On en pose actuellement 18.000 à 19.000 par jour et nous allons augmenter les cadences" pour arriver à environ 35.000 compteurs par jour d’ici la fin de l’année souligne Bernard Lassus, directeur du programme Linky chez Enedis.

Plusieurs communes ou particuliers ont tenté de s'opposer à l'installation de compteurs Linky, ses détracteurs s'inquiétant de possibles risques pour la santé liés aux ondes électromagnétiques émises par le compteur. Bernard Lassus affirme que "cette tendance diminue", même s'il ne souhaite pas donner de chiffre précis sur les refus de particuliers à la pose des boîtiers. "Tout le monde a été surpris de la virulence de certaines actions" admet-il, indiquant qu'Enedis avait du revoir sa "stratégie de concertation" et de communication auprès des élus locaux.

Antonin Moriscot avec AFP