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Comment Goldman Sachs va investir massivement dans le bitcoin

Goldman Sachs va utiliser son argent pour passer des ordres d'achat et de vente, au nom de ses clients, sur des instruments financiers permettant de spéculer sur l'évolution du bitcoin (futures).

Goldman Sachs va utiliser son argent pour passer des ordres d'achat et de vente, au nom de ses clients, sur des instruments financiers permettant de spéculer sur l'évolution du bitcoin (futures). - Karen Bleier-AFP


L'influente banque d'affaires américaine Goldman Sachs va se lancer dans le courtage de produits financiers liés au bitcoin, donnant de la légitimité aux cryptomonnaies qui divisent les milieux bancaires et financiers.

La banque américaine, symbole de Wall Street, va effectuer en interne dans les "prochaines semaines" des premières transactions liées à la monnaie virtuelle. Goldman Sachs a recruté il y a deux semaines Justin Schmidt, 38 ans, un ancien trader du hedge fund new-yorkais Seven Eight Capital, qui a commencé l'an dernier à effectuer des opérations sur les monnaies virtuelles pour son propre compte. Ce spécialiste des cryptomonnaies a été propulsé responsable des marchés d'actifs numériques et il est "la première et la seule personne" embauchée par Goldman Sachs pour se concentrer "exclusivement" sur les cryptomonnaies, ont ajouté ces sources sous couvert d'anonymat.

Basé au sein de la division courtage, force traditionnelle de Goldman Sachs, il travaille avec d'autres personnes en interne pour s'assurer que l'établissement sera prêt à moyen terme pour des échanges de bitcoins physiques en cas de feu vert des régulateurs.

La banque utilisera ses fonds pour intervenir sur les marchés

En attendant, Goldman Sachs va utiliser son argent pour passer des ordres d'achat et de vente, au nom de ses clients, sur des instruments financiers permettant de spéculer sur l'évolution du bitcoin (futures). Elle va également leur proposer sa propre version de "future", baptisée "non deliverable forward", qui permettrait des transactions bilatérales (over the counter) ou de gré à gré entre les clients, affirment les mêmes sources.

L'établissement joue déjà le rôle d'intermédiaire entre des investisseurs sur le marché des contrats à terme portant sur le bitcoin proposés depuis décembre par les plateformes boursières Chicago board options exchange (Cboe) et Chicago Mercantile Exchange (CME). Dans ce rôle, il s'engage à régler en dollars aux investisseurs l'argent qui leur est dû et s'expose par conséquent à des risques importants si ses clients ne peuvent pas payer.

Goldman Sachs espère à terme effectuer des ordres d'achat et de vente sur le bitcoin physique comme elle le fait pour d'autres actifs financiers et est dans ce but en discussion avec les régulateurs, indique une source proche du dossier. Elle a lancé une enquête et un audit approfondis sur les risques entourant la monnaie et les conséquences éventuelles pour sa réputation, assure cette source.

Un pari risqué pour la banque d'affaires américaine?

Malgré l'intérêt des fonds d'investissement pour le bitcoin, les autres grandes banques américaines sont restées pour le moment prudentes sur le front des cryptomonnaies, Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, a même qualifié le bitcoin de "fraude", avant de se raviser.

De nombreuses incertitudes demeurent, dont la principale est la forte volatilité du prix du bitcoin. Il s'échangeait à un peu plus de 9.600 dollars l'unité vendredi, soit la moitié de sa valeur atteinte mi-janvier. Les régulateurs américains n'ont en outre pas encore arrêté une position claire sur les cryptomonnaies, tandis que des hackers sont parvenus à infiltrer des plateformes d'échanges, comme Coindesk, et à voler des bitcoins.

Le pari de Goldman Sachs survient au moment où le courtage des actifs classiques traverse une période difficile, ce qui a contraint la banque à chercher des relais de croissance. Elle s'est ainsi lancée dans la banque de détail, en ouvrant Marcus, une plateforme virtuelle proposant des prêts et recevant des dépôts de la part des particuliers et des TPE et PME.

F.B avec AFP