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Energie

Comment l'Union européenne veut limiter l'usage du plastique

L'Union européenne souhaite que tous les emballages plastiques soient recyclables en 2030. (image d'illustration)

L'Union européenne souhaite que tous les emballages plastiques soient recyclables en 2030. (image d'illustration) - Anne-Christine Poujoulat - AFP

La Commission européenne a dévoilé sa stratégie pour réduire l'utilisation des plastiques à usage unique. À l'heure actuelle, seulement 30% des déchets plastiques des Européens sont recyclés.

Bruxelles s'attaque au plastique. Frans Timmermans, le premier vice-président de l'exécutif européen est convaincu que les habitudes des Européens, qui produisent 25 millions de tonnes de déchets plastiques par an, peuvent changer. "Si vous expliquez à vos enfants qu'il faut cinq secondes pour produire une paille en plastique, pendant combien de temps vont-ils l'utiliser? Cinq, dix minutes? Mais si vous leur expliquez qu'il lui faut 500 ans pour se désintégrer une fois jetée, alors ils ne voudront plus l'utiliser", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse à Strasbourg.

Actuellement, seuls 30% des déchets plastiques des Européens sont recyclés. Le reste finit incinéré pour produire de l'énergie (39%) ou en décharge (31%). Ainsi, la "stratégie" de lutte contre le plastique, présentée par la Commission se traduira par une nouvelle proposition législative avant la fin de l'année, a promis Frans Timmermans. Pour l'instant, la Commission s'est engagée sur plusieurs points, et notamment à "rendre le recyclage rentable pour les entreprises".

"On ne peut pas dire qu'il existe un marché unique" pour les déchets dans l'Union européenne a reconnu Jyrki Katainen, vice-président chargé des affaires économiques. "Il va falloir définir des règles pour échanger des produits standards", a-t-il souligné. Exemple concret: les différentes couleurs des bouteilles en plastique rendent le tri et le recyclage plus coûteux. Renoncer à une jolie bouteille teintée? Un bien petit sacrifice pour le consommateur, selon la Commission.

La Chine ne veut plus des déchets plastiques européens

Cette ambition de contrôler le cycle de vie du plastique du début à la fin est dévoilée au moment où le pays leader du recyclage, la Chine, vient de fermer ses portes aux déchets étrangers. Or l'Union européenne exporte la moitié de ses plastiques collectés et triés, dont 85% vers la Chine. "Nous devrions utiliser cette décision pour nous remettre en question et nous demander pourquoi nous Européens ne sommes pas capables de recycler nos propres déchets", a souligné Frans Timmermans.

La nouvelle stratégie vise aussi à libérer les mers et océans des 700 kg de plastiques qui y échouent tous les jours. La Commission "prendra des mesures pour limiter l'usage des microplastiques", que l'on retrouve dans les cosmétiques et les détergents notamment. L'exécutif européen veut aussi imposer de nouvelles règles sur les installations de réception dans les ports, pour que les déchets générés en mer par les navires ne soient pas abandonnés ou rejetés à l'eau. Il promet également de donner 100 millions d'euros supplémentaires à la recherche pour favoriser les innovations techniques.

La "taxe plastique" écartée 

La Commission a déjà pris plusieurs mesures pour tenter de faire reculer la domination du plastique, visant notamment à réduire de façon drastique l'utilisation de sacs à usage unique. Concernant l'idée d'une "taxe plastique", évoquée comme une piste pour trouver des sources propres de financement à l'Union européenne, les deux commissaires se sont montrés prudents. "Plus la stratégie plastique fonctionne bien, moins on collecte d'argent", a remarqué Jyrki Katainen.

Plastics Europe, l'association des fabricants européens de plastique basée à Bruxelles, a salué les initiatives de la Commission. "Seule une restriction juridiquement contraignante sur la mise en décharge de tous les recyclables et autres déchets récupérables mettra fin à la mise en décharge de déchets qui pourraient être utilisés comme une ressource", a estimé Karl-H. Foerster, le directeur exécutif, dans un communiqué.

A.M. avec AFP