Comment la Méditerranée va à la fois chauffer et rafraîchir les Marseillais
Symbolisant le renouveau de la cité phocéenne, le quartier d’affaires Euroméditerranée, encore en construction, affirme ses ambitions en matière de transition énergétique. C’est au cœur de cette vaste opération d'urbanisme lancée en 1995 que l'énergéticien Engie a développé une technologie unique en France et en Europe, baptisée "géothermie marine" par analogie avec la "véritable" géothermie. Une source d'énergie renouvelable qui consiste à utiliser la chaleur des tréfonds de la terre.
L'installation, située sur le site du Grand Port Maritime de Marseille, puise de l'eau de mer à 7 mètres de profondeur dans le port de Marseille. Cette eau salée, dont la température moyenne est de 14 degrés l'hiver et 22 degrés l'été, passe ensuite dans des pompes à chaleur pour alimenter en froid ou en calories le réseau de chauffage du quartier, situé en front de mer.
Au total, trois kilomètres de réseau sont prévus dans ce quartier, dont une partie est encore en construction, pour alimenter quelque 500.000 mètres carrés de bâtiments, notamment un centre commercial, un hôtel, des tours de bureaux ou de logements.
Un investissement de plus de 35 millions d'euros
Baptisée "Thassalia", cette centrale marseillaise de géothermie marine représente un investissement de "plus de 35 millions d'euros", couvert à hauteur de 7 millions par les collectivités locales.
D'un point de vue technique, l'installation dispose d'une puissance de production de 19 mégawatts de chaud ou de froid. Selon Engie, ce type de dispositif présente un potentiel "illimité". À Marseille, des chaudières à gaz d'appoint ont tout de même été installées "afin de garantir une continuité de service en toute circonstance" précise l'AFP.
La centrale marseillaise repose sur "des techniques encore peu développées, mais largement au point" explique à l’AFP, Philippe Laplaige, expert en géothermie auprès de l’Ademe, l’agence publique chargée de la transition énergétique. Cet ingénieur ajoute également que ce type de pompes à chaleur reliées à la mer s’adresse plus particulièrement à des zones à fort densité d’habitation, comme par exemple à Monaco, où de nombreuses installations ont été développées ces dernières années.
À plus de 8.500 kilomètres de Marseille, sur l’île de la Réunion, à Sainte-Marie et à Saint-Denis, Engie développe un projet comparable destiné à fournir la climatisation de l’aéroport, de l’université et d'un hôpital.