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Comment la Norvège a converti ses automobilistes à l'électrique

Près de 80.000 véhicules électriques ou hybrides rechargeables ont été immatriculés en 2017 en Norvège. (image d'illustration)

Près de 80.000 véhicules électriques ou hybrides rechargeables ont été immatriculés en 2017 en Norvège. (image d'illustration) - Daimler AG

L’an dernier en Norvège, à la faveur d'incitations fiscales et d'infrastructures développées, parmi les véhicules nouvellement immatriculés, plus de 50% étaient soit électriques soit hybrides rechargeables.

C'est un paradoxe entretenu. Alors que la Norvège est le plus gros producteur de pétrole d'Europe de l'Ouest, ses automobilistes se détournent des véhicules thermiques, c'est-à-dire fonctionnant... grâce aux énergies fossiles. En 2017, le nombre de véhicules électrifiés nouvellement immatriculés a dépassé celui des modèles essence ou diesel.

Avec 80.000 immatriculations de voitures 100% électriques ou hybrides rechargeables, la Norvège conserve donc, une nouvelle fois, son titre de leader de la mobilité durable. À titre de comparaison, en France, seuls 41.800 véhicules électrifiés ont été vendus l'an dernier rappelle l'Avere-France, l'association nationale pour le développement de la mobilité électrique. 

>> Quels modèles ont été les plus vendus ?

Dans le détail, selon le site spécialisé Automobile-Propre c'est la Volkswagen e-Golf qui s'est illustrée en 2017. La version électrique de la septième génération de la compacte allemande s'est vendue à 6639 exemplaires. La BMW i3 se classe en deuxième position des modèles 100% électriques les plus prisés avec 5036 unités vendues. Vient enfin, en troisième position, le Tesla Model X. Le crossover de la marque américaine ayant séduit 4748 acheteurs. 

Dans la catégorie des véhicules hybrides rechargeables, alliant à un moteur thermique un petit bloc électrique, le Mitsubishi Outlander PHEV arrive en première position. Le 4X4 japonais a séduit 4067 automobilistes. Derrière, on trouve la Volkswagen Passat GTE, qui s'est écoulée à 3247 exemplaires. Juste devant une autre concurrente allemande, le Mercedes GLC 350e (2600 acheteurs). 

>> Un marché dopé par les aides publiques 

Si tant de véhicules fonctionnent entièrement (ou en partie) à l'électricité, cela ne doit rien au hasard. Depuis la fin des années 90, la Norvège mène une ambitieuse politique de soutien à la mobilité durable. Le pays s'est d'ailleurs fixé comme objectif de bannir les véhicules essence ou diesel à l'horizon 2025, comme le rappelle cette note du Service économique de l'ambassade de France en Norvège. Ainsi de généreuses aides et subventions ont été de longue date accordées aux propriétaires de véhicules moins polluants. 

Contrairement aux véhicules thermiques, lourdement taxés, les véhicules électrifiés bénéficient d'une fiscalité allégée. Mieux, les véhicules 100% électriques sont exonérés de TVA. Ce qui rend leur prix d'achat particulièrement compétitifs. D'autant que les concessionnaires peuvent les vendre sans avoir à payer de droits d'importation.

En outre, les automobilistes les plus écolos ont, par exemple, le droit d'emprunter les couloirs de bus pour circuler. Ils bénéficient de la gratuité dans les parkings publics et d'une exonération de paiement des péages urbains. Enfin, ils peuvent utiliser, sans frais, les ferries assurant la liaison vers et entre les petites îles situées dans la mer du Nord ou la mer de Norvège. Mis bout à bout, ces petits avantages coûteraient annuellement à l'État norvégien 465 millions d'euros, d'après l'hebdomadaire Teknisk Ukeblad.

>> Des bornes électriques en abondance

Selon le site Chargemap, recensant les bornes de recharge situées en Europe, il existe 2123 points de recharge en Norvège, pour un total de 9675 prises installées. La majorité des prises étant situées sur la voie publique. Des chiffres nettement inférieurs à ceux concernant la France. Dans l'Hexagone, on compte 12.950 points de charge pour 57.477 prises. Une différence qui s'explique notamment par la superficie des deux pays. La superficie de la Norvège est de 385.203 kilomètres carrés, tandis que la France s'étend sur 643.801 kilomètres carrés. 

Antonin Moriscot Journaliste BFMTV