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Comment la reconnaissance faciale révolutionne la sécurité

La gare du Nord a mis en place des caméras à reconnaissance faciale pour les passagers de l’Eurostar. Un système qui compte parmi les innovations les plus prometteuses en matière de sécurité.

L’annonce a été faite mercredi. Déjà opérationnelles à la Gare de Saint-Pancras à Londres depuis juin 2016, des caméras de reconnaissance faciale ont été installées au départ des Eurostar à la Gare du Nord à Paris, la plus fréquentée d'Europe.

Dans l'espace dédié aux passagers des trains à grande vitesse desservant la capitale britannique, les sas de contrôle automatisés des passeports intègrent désormais une technologie de reconnaissance faciale. C’est une société portugaise, Vision-Box, qui a remporté l’appel d’offres après huit mois de phases de tests et d’expérimentations sur plus de 500.000 passagers.

Un gain de temps considérable

Réservés aux citoyens européens majeurs disposant d'un passeport biométrique, les sas automatiques "vb i-match" vérifient l'identité du voyageur "en quelques secondes", assure l'entreprise. Après Londres et Paris, Eurostar prévoit d'installer les mêmes sas à la gare de Bruxelles-Midi. Ces sas "vb i-match" sont par ailleurs utilisés depuis le 28 décembre à l'aéroport Paris-Charles de Gaulle, dans le cadre d'une expérimentation qui doit durer un an.

Déjà, plus de 20.000 visages ont été contrôlés au terminal 2F. Ceux du personnel navigant, pilotes, hôtesses et stewards, et ceux de passagers volontaires, tous majeurs, ressortissants de l'Union européenne et informés au préalable. Bientôt, 20% des 180.000 voyageurs qui transitent quotidiennement par les deux aéroports parisiens seront ainsi contrôlés par ces logiciels très perfectionnés. Avec un gain de temps considérable à la clé, puisque ces technologies scannent la foule en temps réel.

Reconnu même en cachant son visage

Mieux, ces caméras détectent, parmi les visages, ceux de suspects potentiels. À condition évidemment que ces derniers figurent dans un fichier de personnes surveillées. En ce cas, le niveau de précision est spectaculaire. Ces logiciels sont aujourd’hui bien plus efficaces qu’un être humain, même aguerri, pour déterminer, entre deux images, s’il s’agit bien de la même personne. Mieux que l'œil humain, les algorithmes enregistrent la forme et la position relative des yeux, du nez, des pommettes, cherchent des points de correspondance entre la photo et le visage de la personne qui marche dans la rue.

Si le logiciel utilisé Gare du Nord est portugais, les Français ne sont pas en reste sur ce genre d'innovations. Safran Identity & Security (ex-Morpho, aujourd'hui en cours de cession à l'américain Advent, actionnaire principal d'Oberthur) a par exemple développé un système similaire utilisé notamment par le FBI et la police aux États-Unis. Une technologie capable de reconnaître une même personne sur deux photos, quand bien même l'un des clichés date d'une trentaine d'années et que l'individu recherché porte aujourd'hui la barbe et/ou n'a plus de cheveux. Même s'il bouge, qu'il ne montre que son profil ou qu'il cherche à cacher son visage, le logiciel reste efficace. Safran I&S travaille également sur le sujet en tant que partenaire exclusif d'Interpol. L'entreprise a enfin vendu à la Police Nationale française un logiciel d'analyse vidéo qui fait appel à la technologie de reconnaissance faciale.

Les comportements anormaux détectés

À terme, ces outils pourraient permettre de détecter efficacement la présence et les mouvements de jihadistes connus sur le territoire. D'autant qu'en plus d'analyser les traits des visages des passagers, les caméras de reconnaissance faciale peuvent aujourd'hui décrypter nos émotions, notre niveau de stress, et détecter tout comportement ou tics qui peuvent indiquer un état anormal.

Reste une question: l'équilibre entre sécurité et protection des libertés individuelles peut-il être respecté? A ce titre, une affaire a fait grand bruit aux États-Unis. Les supermarchés Walmart avaient installé des caméras de surveillance capables d’identifier les voleurs parmi les clients d’un supermarché. Des caméras équipées d’un logiciel de reconnaissance faciale, mis au point par l'entreprise FaceFirst. Le visage de chaque client était scanné en temps réel et comparé à une base de données qui répertorie ceux pris la main dans le sac par la sécurité du magasin. La caméra repérait immédiatement les individus "fichés". Une alerte était ensuite envoyée sur le smartphone de l’agent de sécurité, ainsi que la procédure à suivre. Devant la polémique suscitée par la découverte de ce système par le grand public, il a été désinstallé.

Frédéric Simottel, édité par N.G.