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Comment Orange se retrouve piégé en Israël

Orange veut mettre fin à sa coopération avec un opérateur israélien, héritée d'un contrat de licence vieux de plus de 15 ans.

Orange veut mettre fin à sa coopération avec un opérateur israélien, héritée d'un contrat de licence vieux de plus de 15 ans. - Philippe Desmazes-AFP

Le PDG d'Orange a déclenché un tollé en Israël. Il veut se retirer du marché où un accord le lie à un opérateur local, critiqué pour son activité dans les territoires palestiniens.

Orange se trouve pris dans un imbroglio juridique et financier en Israël qui a pris une tournure politique. Ce qui a mis le feu aux poudres ce sont les déclarations de Stéphane Richard affichant son intention de se retirer d'Israël.

"Cela va prendre du temps [mais] nous allons certainement le faire", a-t-il ajouté. "Je suis prêt à abandonner demain matin" les liens avec Partner mais sans exposer Orange à des risques énormes sur le plan légal ou financier, a précisé Stéphane Richard, mercredi 3 juin dans la soirée.

Ces propos ont été très mal pris en Israël, d'autant plus que le PDG d'Orange les a tenus au Caire. Il effectuait une visite auprès de l'opérateur égyptien Mobinil, dont l'entreprise française est actionnaire à près de 100% et où il compte 33 millions d'abonnés mobiles, plus qu'en France !

Israël attend des excuses publiques d'Orange

Dans la foulée, la ministre israélienne adjointe des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a écrit à Stéphane Richard pour demander des explications. "Je dois avouer avoir été surprise par ces informations, qui ne me semblent pas raisonnables pour une entreprise de la taille d'Orange", écrit-elle en anglais dans une lettre dont l'AFP a eu copie.

Israël attend des excuses d'Orange et a contacté les autorités françaises au motif de l'Etat détient encore 25 % de l'opérateur.

L'ambassadeur israélien Yossi Gal en France a contacté l'Elysée, le Quai d'Orsay et le ministère de l'Economie.

L'origine du problème pour Orange tient à un accord le liant à son allié israélien Partner, qui compte 2,77 millions d'abonnés, soit une part de marché de 28%. Fin mai 2015, cinq ONG et deux syndicats, dont CCFD-Terre Solidaire, l'Association France Palestine Solidarité et la CGT, ont demandé à Orange "de communiquer publiquement sa volonté de désengagement et de dénoncer les atteintes aux droits humains commises par Partner".

Orange serait lié jusqu'en 2025 avec son partenaire israélien

Selon un rapport de ces organisations, Partner, en exerçant des activités économiques "dans les colonies israéliennes contribuerait à leur viabilité économique et à leur maintien, et aiderait ainsi à perpétuer une situation considérée comme illégale par la communauté internationale".

En réponse, Orange a indiqué qu'il n'était "pas opérateur en Israël", ne détenait "aucune action ou droit de vote de Partner". "Le contrat de licence existant, permettant à Partner d'utiliser la marque et l'image d'Orange en échange d'une redevance, avait été signé par le propriétaire de l'époque, transmis à France Télécom en 2000 lors de l'acquisition de la marque" a écrit l'opérateur dans une question écrite posée à l'occasion de l'Assemblée générale de l'opérateur qui s'est tenue fin mai 2015. "Les dernières négociations menées ont permis en avril 2015 d'introduire une date de fin pour mars 2025, ainsi que des clauses de sortie" a t-il précisé.

Tout le problème pour le PDG d'Orange est, désormais, de sortir de cet imbroglio avec le moins de dégâts financiers et juridiques possibles, tout en ménageant les susceptibilités israéliennes. C'est pour l'instant mal engagé.

Frédéric Bergé avec AFP