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Comment Rothschild & Co veut devenir un champion des mariages dans la tech

La banque française dévoile la création d’une task force mondiale composée de 50 banquiers d’affaires, dont 15 dans la Silicon Valley.

La banque française dévoile la création d’une task force mondiale composée de 50 banquiers d’affaires, dont 15 dans la Silicon Valley. - Justin Sullivan - Getty Images/AFP

La banque Rothschild a créé une unité mondiale de 50 banquiers d'affaires répartis dans le monde pour aider leurs clients à identifier les start-up à haut potentiel et les racheter.

Certains trouveront l’initiative tardive, mais pour Grégoire Chertok, associé-gérant de Rothschild & Co, c’est tout simplement "le bon moment" de partir en quête de start-up à marier ou à faire grossir. Pour cela, la banque française dévoile la création d’une task force composée de 50 banquiers d’affaires dotés de l'expertise requise pour identifier les vrais savoir-faire technologiques. Amenée à grossir, cette équipe est chargée de soutenir ses clients dans les fusions-acquisitions, les introductions en Bourse et les levées de fonds dans la tech.

L’équipe américaine est constituée de vingt personnes dont quinze seront basés à Palo Alto et cinq New York. Elle est dirigée par Chris Gaetner sur la côte est et Walid Khiari sur la côte ouest, deux spécialistes de la finance internationale dotée d’une culture tech. En France, l'éuqipe initiale sera composée de dix banquiers pilotés par deux personnalités françaises des nouvelles technologies: Virginie Lazès et Pierre-Henri Chappaz. L’équipe britannique, dix banquiers, est basée à Londres et sera dirigée par Warner Mandel et Albrecht Stewen. Le reste de l’effectif est réparti entre l’Asie et Israël.

Les règles de l'économie sont redéfinies par la tech

Si cette organisation est nouvelle, les opérations financières liées aux technologies ne le sont pas pour Rothschild & Co. La banque était derrière des opérations stratégiques mondiales ou locales comme celles entre MobilEye et Intel, Withings et Nokia, TF1 et auféminin.com, Kisskissbankbank et La Banque Postale, ou encore, Marcel et Renault.

Mais il s’agit désormais de mieux se concentrer dans la tech qui s’est imposée dans toutes les activités économiques en redéfinissant souvent les règles. "C'est un secteur transversal qui s’insère dans toute l’économie et nous devions créer une unité spécialisée pour mieux accompagner nos clients dans leur transformation digitale", explique Grégoire Chertok qui précise que cette initiative a été lancée à la demande des clients.

Apple peut faire grimper le prix de l'innovation

En installant le gros de la troupe au cœur de la Silicon Valley, Rothschild veut surtout s’imprégner de la culture californienne pour mieux dénicher les pépites qui aideront les groupes de l’économie traditionnelle à réussir leur virage numérique face aux géants mondiaux. "Aujourd’hui, les entreprises de l'économie traditionnelle ont intégré ces problématiques, mais la croissance externe leur permettra d’avancer plus vite", estime Walid Khiari. Il faudra toutefois y mettre le prix. D’abord, l’innovation "made in California" se paye souvent plus chère qu’en Europe. Mais aussi, en rapatriant plus de 200 milliards de dollars pour investir, Apple pourrait faire grimper le prix de l’innovation. "C'est un groupe puissant qui n'a aucune restriction financière", admet Walid Khiari.

Mais pour lui, il faut surtout adopter une stratégie offensive et prendre des risques. "C’est ce qui symbolise la Silicon Valley depuis plusieurs décennies", indique le patron de l’équipe californienne en ajoutant qu’il ne faut pas craindre le changement, mais au contraire le comprendre pour mieux le maîtriser. "C'est important car cette remise en question de l’économie classique n’a aucune limite, comme nous le constatons avec les devises virtuelles comme le bitcoin". Sur ce point, ce spécialiste de la finance internationale, appelle à la prudence. Par contre, il considère la blockchain, comme un élément "qui peut avoir une utilité industrielle".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco