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Compromis en vue dans la bataille des fréquences

Les assises de l'audiovisuel se déroulent ce mercredi 5 juin.

Les assises de l'audiovisuel se déroulent ce mercredi 5 juin. - -

Le gouvernement veut donner aux télécoms une partie des fréquences utilisées pour la diffusion de la télévision. Les chaînes s’y opposent vigoureusement. Mais les progrès technologiques permettraient de résoudre le conflit.

Une des tables rondes des assises de l’audiovisuel, organisées mercredi 5 juin, par le ministère de la culture, était consacrée au sujet qui fâche en ce moment: l’avenir des fréquences utilisées pour diffuser la télévision numérique terrestre (TNT). Le gouvernement a récemment décidé d’attribuer 30% de ces fréquences –la bande dite des 700 mégahertz- aux opérateurs télécoms.

Une décision qui suscite la fureur des chaînes TNT. Ainsi, pour Alain Weill, PDG de NextRadioTV (à qui appartient ce site web), "cela porterait un coup très grave à la TNT et ses 25 chaînes gratuites. Cela pourrait empêcher les chaînes TNT de passer en haute définition. La TNT resterait en définition simple, moins attractive pour le téléspectateur, ce qui est inacceptable. Et les six nouvelles chaînes TNT pourraient être remises en cause".

Pour le patron de BFM et RMC, "ralentir le développement de la TNT serait suicidaire pour le hertzien". Pire: ces fréquences iraient aux télécoms, qui sont "beaucoup moins régulés que la TNT", et n’apportent "pas la même contribution" à la création audiovisuelle.

Et, pour prouver son intérêt persistant pour la diffusion par voie terrestre, Alain Weill a annoncé que, si de nouvelles fréquences TNT étaient attribuées, il présenterait la candidature de BFM Business, aujourd’hui diffusée en TNT uniquement sur l’Ile-de-France.

"Pas une menace"

En face, les opérateurs télécoms ont logiquement tenu un discours inverse. "Je ne suis pas sûr que retirer quelques mégahertz à l’audiovisuel menace le système", a répondu le directeur général de Free, Maxime Lombardini. "Nous sommes intéressés par ces fréquences, nous en avons un ardent besoin. Déjà, nous manquons parfois de débit à Paris. C’est un sujet sérieux si les smartphones calent".

Même son de cloche chez Orange. "Nous n’avons rien demandé, mais nous sommes preneurs, car nous avons besoin de fréquences", a abondé le secrétaire général Pierre Louette, pour qui "tout est question de calendrier".

Réconcilier les points de vue

Face à cet antagonisme, certains ont essayé de réconcilier les points de vue, comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Pour le conseiller Emmanuel Gabla, "toutes les chaînes TNT doivent pouvoir passer en haute définition, c’est un mouvement inéluctable. Mais je ne conteste pas non plus les besoins des télécoms. Mais il y a une solution, on arrivera à satisfaire toutes les demandes".

Il a expliqué que l’utilisation de nouvelles technologies de compression (MPEG 4) et de diffusion (DVB-T2) permettront, avec une même quantité de fréquences, de multiplier par quatre les capacités de diffusion de chaînes TNT. La solution est donc "une question de calendrier", c’est-à-dire "laisser le temps" pour déployer des émetteurs avec ces nouvelles technologies, puis "laisser le temps pour équiper les Français" de décodeurs TNT les supportant.

Selon Emmanuel Gabla, 2017 sera "trop tôt" pour transférer ces fréquences aux télécoms. Mais il a toutefois refusé de s’avancer sur un calendrier.

Pareillement, TDF a estimé qu’un transfert en 2016 ou 2017 est "illusoire". Pour le directeur de la réglementation Arnaud Lucaussy, cela prendra au moins cinq ans. "Au niveau européen, le processus aboutira probablement en 2019 ou 2020".

Concluant les assises, la ministre de la culture Aurélie Filippetti a annoncé qu'"une concertation va être conduite d'ici mi-septembre par les services du premier ministre sur le calendrier d'ouverture de la bande des 700 mégahertz".

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Jamal Henni