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« Les conséquences sur notre quotidien vont arriver »

« On s'approche de plus en plus de la notion de krach. Jusqu'ici on parlait d'un krach rampant, parce qu'on avait des variations très fortes d'une journée à l'autre ; mais là on risque d'avoir des variations sur la journée. »

« On s'approche de plus en plus de la notion de krach. Jusqu'ici on parlait d'un krach rampant, parce qu'on avait des variations très fortes d'une journée à l'autre ; mais là on risque d'avoir des variations sur la journée. » - -

Les Bourses dévissent. Les faillites se multiplient, d'autres se profilent. La crise inquiète de plus en plus. Quelles solutions pour en sortir ? Réponse d'un expert.

Philippe Dessertine, professeur de finances à l'université Paris-X Nanterre, et directeur de l'Institut des hautes finances, avait raison de prévoir pour ce vendredi 10 octobre « une journée extrêmement difficile. » La Bourse de Paris a en effet clôturé à -7,73%. Ce matin sur RMC, il expliquait : « on s'approche de plus en plus de la notion de krach. Jusqu'ici on parlait d'un krach rampant, parce qu'on avait des variations très fortes d'une journée à l'autre ; mais là on risque d'avoir des variations sur la journée. »

Quelles conséquences pour le quotidien des Français ?
« Pour le moment, c'est le bruit du canon au fond : on est encore en période calme, et on entend que la crise économique fait rage près de nous. Nous n'avons pas encore les conséquences aujourd'hui dans notre quotidien, mais nous pouvons maintenant le dire avec certitude : elles vont arriver, c'est évident.
Les valeurs financières sont extrêmement attaquées, les banques perdent beaucoup d'argent. Et en plus maintenant, il y a de très grosses inquiétudes sur le marché automobile américain, et la faillite de General Motors - l'une des plus grandes entreprises du monde, qui commence vraiment à être une hypothèse envisagée, risquerait d'entraîner avec elle beaucoup de conséquences dramatiques, dans toute l'économie réelle américaine, mais aussi mondiale. »

Bientôt d'autres faillites
« Les compagnies d'assurance vont aussi être touchées. Elles n'ont pas provisionné les risques de la même façon que les banques. Le géant américain AIG, qui a du être nationalisé, déjà aidé par l'Etat américain à hauteur de 85 milliards de dollars, a eu hier besoin d'une rallonge de 30 milliards supplémentaires, et probablement encore davantage dans le futur. Et la finance japonaise, qui semblait très sûre, est elle aussi en train de commencer à éprouver des difficultés. » [NDLR : hier, une grande compagnie d'assurance vie japonaise a fait faillite].

Des réunions politiques inefficaces
Aujourd'hui, les ministres des Finances et banquiers centraux des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se réunissent à Washington pour tenter des trouver des solutions à la crise. Mais Philippe Dessertine souligne que « malheureusement, on a le sentiment que les réunions politiques ne servent qu'à constater les dégâts, à faire des grandes déclarations pour essayer de maintenir un semblant de confiance, et que immédiatement les marchés financiers démentent ces déclarations.

« On ne peut pas obliger le système à prendre confiance »
Dans un entretien à paraître aujourd'hui dans Les Echos, Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale propose de lancer « un grand emprunt d'Etat » pour sortir de la crise bancaire et financière. Selon Philippe Dessertine, « c'est une bonne idée, mais elle serait encore meilleure au niveau européen. Il va être vraiment important d'essayer de lever des fonds pour réinjecter de la liquidité dans le système. Mais malheureusement, on ne peut pas obliger le système à prendre confiance si vraiment toutes les nouvelles sont mauvaises. Le gros problème actuellement, c'est qu'on injecte de la liquidité, mais que le système ne réagit absolument pas. Cet argent est immédiatement gelé. Evidemment il sert à compenser les pertes. Mais personne ne veut prêter, par crainte des faillites. »

« La vague qui nous submerge »
Plus que sceptique quant à la seconde proposition de Bernard Accoyer d'une « amnistie fiscale », il conclut : « c'est une mesure quasiment anecdotique ; là, on est vraiment dans quelque chose qui n'a rien à voir avec la vague qui est en train de nous submerger. »

Juliette VINCENT-Bourdin & Co