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Coup de frein sur la liaison Poitiers-Limoges

La liaison Poitiers-Limoges est menacée, faute de rentabilité

La liaison Poitiers-Limoges est menacée, faute de rentabilité - BERTRAND GUAY / AFP

La ligne à grande vitesse entre Poitiers et Limoges pourrait ne jamais voir le jour. Le conseil d’Etat aurait décidé de rejeter ce projet, soutenu par le président de la République. En cause: une rentabilité médiocre.

C'est un vieux serpent de mer qui refait surface. La liaison Poitiers-Limoge, censé rapprocher le centre de la France de la capitale est bien mal engagée. Si l’on en croit les informations de Mobilettre, le conseil d’Etat aurait décidé de ne pas autoriser cette nouvelle ligne à la rentabilité "désastreuse".

2 milliards d'euros d'investissements

Les conseillers d'Etat ne veulent pas valider la déclaration d’utilité publique, qui doit être prise par décret au plus tard le 12 janvier, soit 16 mois exactement après la fin de l'enquête publique qui s'était soldée sur un avis favorable.

Ce "non" embarrasse "au plus haut point", explique la lettre spécialisée. Car, François Hollande, qui fait souvent les allers-retours entre Paris et son fief de Corrèze a soutenu, en personne, ce tronçon. D'ici à 2022, il est censé ramener Limoges à 2 heures de Paris et à 45 minutes de Poitiers. Si la situation n'est pas débloquée d'ici au 12 janvier, le président de la République sera contraint d'annoncer lors de ses voeux aux Corréziens que la liaison est enterrée. 

Rentabilité de 3% 

La décision du Conseil d'Etat va dans le même sens que le rapport au vitriole, publié en octobre par la Cour des Comptes. Les Sages de la rue Cambon ont pointé l’absence de rentabilité des lignes à grande vitesse. Aucune des six liaisons examinées par leur soin ne ramène les bénéfices escomptés. Dans leur épais rapport, les quarante pages consacrées à la liaison Poitiers-Limoges dresse un constat édifiant: RFF (Réseau ferré de France) a largement sous-estimé le coût de réalisation, qui atteignerait désormais entre 1,5 milliard d'euros et 2 milliards d'euros.

Le nombre de passagers potentiels a, à l'inverse, été très exagéré. Avec 840.000 voyageurs additionnels prévus par an, la rentabilité s'élèverait dans le meilleur des cas à 3,3%. Insuffisant, estime la Cour des comptes qui estime que pour fonctionner la LGV aurait besoin de 80% de subventions.

Une piste alternative? 

Si le rejet du conseil d'Etat est confirmé, l'Etat disposera de deux options. Il pourra choisir de passer en force en imposant le décret d'utilité publique, ou au contraire "de concentrer tous ses efforts pour la présentation d’une solution plus raisonnable". En l'occurrence, le projet de modernisation de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) serait bien moins coûteux et donc plus acceptable pour un exécutif en quête d'économies.

Ch.L.