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La Coupe du monde ne sera pas rentable pour TF1

France-Honduras a réuni près de 16 millions de spectateurs, un record depuis 2006.

France-Honduras a réuni près de 16 millions de spectateurs, un record depuis 2006. - -

Le Mondial devrait engendrer pour la Une une perte d'une vingtaine de millions d'euros, malgré des audiences exceptionnelles, et la hausse du prix des spots.

Les dirigeants de TF1 ont le sourire. Les excellentes audiences de la Coupe du monde leur apportent du baume au coeur.

Dimanche soir, France-Honduras a réuni 15,8 millions de téléspectateurs, la meilleure audience pour un match de foot depuis 2006. Auxquels s'ajoutent 931.000 spectateurs sur le web ou sur mobile.

Des audiences supérieures à 2010, où les trois matchs de premier tour des Bleus avaient réuni 8 à 15 millions de téléspectateurs.

Les Bleus ne pourront pas faire pire

"On sentait une énorme attente, peut-être due au contexte économique, à une envie de se divertir", a expliqué mardi 17 juin le directeur général des antennes Jean-François Lancellier.

La Une s'est aussi serré la ceinture, et a réduit les coûts de production par rapport à 2010. Les écrans publicitaires sont également vendus plus chers qu'il y a quatre ans. Ainsi, un spot lors de France-Honduras a coûté 185.000 euros bruts, contre 155.000 euros pour un match de l'équipe de France en Afrique du sud.

En outre, TF1 a aussi fait une bonne affaire en revendant 36 matches à BeIn Sports pour une somme non communiquée, mais estimée à 50 millions d'euros par le Journal du dimanche. Soit plus que les 33 millions d'euros récoltés en 2010 en revendant certains matches à Canal Plus et France Télévisions.

Enfin, les Bleus devraient a priori faire un meilleur parcours que leur fiasco de 2010, notamment car leurs adversaires dans leur groupe du premier tour apparaîssent plus abordables.

Perte comparable à 2010

Paradoxe: malgré tout cela, la diffusion du Mondial sera déficitaire pour la Une. "L'opération n'est pas rentable financièrement. Diffuser la Coupe du monde n'a pas pour objet d'être rentable financièrement", a déclaré mardi le PDG Nonce Paolini.

Comment expliquer cela? La réponse tient en un chiffre: les droits ont coûté la somme record de 130 millions d'euros, soit 10 millions de plus qu'il y a quatre ans.

Autrement dit, le Mondial, qui avait engendré 17 millions d'euros de pertes en 2010, se traduira à nouveau par une perte pour la Une.

Le 30 avril, le directeur général adjoint chargé des finances Philippe Denery a expliqué que cette perte n'avait pas de raison d'être différente de celle de 2010, à ceci près que les droits coûtent 10 millions d'euros de plus.

D'ores et déjà, la Une a passé deux provisions (à fin décembre puis fin mars) pour déprécier la valeur des droits, mais refuse d'en indiquer le montant.

Carton rouge

En tous cas, la Une défend mordicus ces droits qui lui ont coûté "très cher". Nonce Paolini a ainsi adressé mardi trois avertissements à Canal Plus, Numericable et RMC (qui appartient au même groupe que ce site web).

"Il n'y a pas de raison que le Grand journal aille au-delà" de ce qui est permis en termes de reprises, a-t-il dit.

Quant à RMC, la radio a retransmis le 13 mai sur son antenne l'interview de Didier Deschamps accordée au 20 heures de TF1. "C'est du piratage, et TF1 a engagé un recours devant le CSA et les voies de recours habituelles", a déclaré le PDG de la Une.

Dernier carton rouge pour Numericable, qui propose à ses abonnés de remplacer les commentaires de la Une par ceux d'une radio de leur choix. "Nous avons dit à Numericable: 'faites gaffe, ce que vous faites n'est pas licite'. A partir du moment où l'on substitue le son, c'est une atteinte à l'intégrité du signal de TF1, intégrité qui doit être respectée. Après cette discussion avec nous, Numericable a cessé toute publicité pour ce service, donc désormais, il est difficile de savoir que ce service existe".

Interrogé jeudi dernier, le porte-parole de Numericable avait pourtant assuré: "nous n’avons reçu aucune protestation venant de chaînes. Mais pourquoi serait-ce le cas? Cette application est naturellement également valable en dehors de la Coupe du monde, grâce à la quarantaine de chaines radio disponibles. Par ailleurs, son utilisation se fait à la libre discrétion de l’abonné – comme le fait de regarder ou non la TV". 

Jamal Henni