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Créer sa start-up dans un garage, c’est fini

C'est dans ce garage de Palo Alto que David Packard a créé HP. Désormais, les start-upers préfèrent les accélérateurs ou les incubateurs.

C'est dans ce garage de Palo Alto que David Packard a créé HP. Désormais, les start-upers préfèrent les accélérateurs ou les incubateurs. - David Paul Morris - Getty Images North America/AFP

Le Numa et le cabinet Roland Berger ont voulu en savoir plus sur les start-upers et les résultats de cette enquête révèlent que le mythe de l’autodidacte dans son garage est bien révolu. Portrait-robot en cinq points des entrepreneurs 2.0.

Quel est le point commun entre Google, Apple, Amazon et HP? Ces quatre géants internationaux ont tous été créés dans un garage. Mais ça, c’était avant. Voilà ce qui ressort d’une étude inédite (PDF) réalisée par l’accélérateur Numa avec le cabinet de conseil international Roland Berger.

Cette étude dévoile une évolution logique. Après l’époque des pionniers, le monde des start-up entre dans celui de la maturité. Et si l’ambition des start-upers est toujours de relever des défis, ils sont plus rationnels que les aventuriers de la Silicon Valley. Ils sont aussi plus âgés et ont souvent fait des écoles de commerce. Détail d’importance qui ne va pas plaire aux femmes du digital, ce sont très majoritairement des hommes. Portraits robot de ces nouveaux innovateurs.

Relever des défis et changer les règles

Le fantasme de devenir un prochain Steve Jobs, Mark Zuckerberg ou Elon Musk est persistant chez nos entrepreneurs. Les principales motivations qui les poussent à se lancer sont les défis à relever (71,9%) et l’envie de changer les règles (55,6%).

Plus intéressant, ils veulent aussi être "indépendants" (40,4%) et "créer leur emploi" (38%). En revanche, l’argent et la célébrité ne sont pas les moteurs de l’innovation. Ils ne sont que 19,5% à vouloir remplir leur compte bancaire, et 3,2% se rêvent en star de la nouvelle économie.

Ni vraiment jeunes, ni vraiment vieux

À quoi ressemble le start-uper "made in France"? L’étude brise tous les fantasmes du geek et du jeune autodidacte. Le profil de ces entrepreneurs 2.0 est à l’inverse de ce que l’on peut imaginer. Si toutes les classes d’âge sont représentées, les moins de 24 ans, comme les plus de 65 ans sont minoritaires.

Le gros des troupes a entre 25 et 35 ans (59%). Mathieu a créé Lounge Up après 15 années d’expérience professionnelle: "Chez NUMA, on m’appelait le "Papa" !". […] Je me souviens de ce moment. Nous étions challengés par ces jeunes entrepreneurs […] Nous avions l’impression d’être matures, avec derrière nous l’expérience du management. On sortait de notre zone de confort".

Le sens des affaires passe avant le sens artistique

Côté formation, ce ne sont pas des rêveurs. Ils sont 34% à sortir des écoles de finance et 25% à avoir fait des études de marketing et communication. Les développeurs sont en 3e place avec 24%. Quant aux artistes, comme les designers-graphistes, ils ne représentent que 2% des start-upers.

"Il y a deux ans, on était tous en train de se dire qu’on allait faire des thèses, en économie, philo et design. Et on s’est tournés vers l’entrepreneuriat parce qu’on avait cette passion pour le marché et l’envie de faire un produit que les gens veulent vraiment. Et puis on rejetait cette hiérarchie verticale de l’entreprise", explique Simon (HEC) qui a créé Read avec son frère Thomas, diplômé des Beaux-Arts, et Augustin, un polytechnicien.

Où sont les femmes?

Beaucoup pointent du doigt les sociétés du CAC40 en termes d’inégalités hommes femmes. Les start-up ne sont pas plus équitables sur ce point. Selon l’étude, seulement 19% des créateurs de start-up sont des femmes et de fait, 81% sont des hommes.

Et les poncifs sur les femmes sont les mêmes que dans les grandes entreprises, comme le signalent Flore et Domitille, fondatrices de Filoute, qui pointent le manque de crédibilité dont elles sont victimes. Elles sont jeunes et sont perçues comme des "minettes, qui veulent faire mumuse […]." Ou alors, elles sont "souvent réduites au fait qu’elles sont des 'blogueuses'". Conséquence: "Quand on rencontre des gens pour lever des fonds […] on est obligées de justifier qu’on a étudié [et] qu’on n’est pas parties à l’aveugle."

Une bière, un café et une bonne nuit de sommeil

L’étude s’est également penchée sur les à-côtés de la vie des start-upers. Ils sont 45% à boire "surtout de la bière". Dans ces milieux, le café ne fait pas totalement recette: 24% n’en boivent pas et 47% se contentent d’une à trois tasses par jours. Les accros (plus de 10 par jour) ne sont que 2%. Est-ce pour cela que ces novateurs dorment bien? Peut-être. Ils sont 57% à dormir plus de sept heures par nuit. Les insomniaques (moins de 5 heures) ne sont que 16%.

Pascal Samama