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CSA: la nomination de Carole Bienaimé-Besse approuvée

Carole Bienaimé a indiqué qu'elle allait fermer ses sociétés pour éviter tout soupçon de jeu d'influence.

Carole Bienaimé a indiqué qu'elle allait fermer ses sociétés pour éviter tout soupçon de jeu d'influence. - Capture d'écran

La commission des affaires culturelles du Sénat a approuvé mercredi la nomination de cette productrice, passant outre la contestation suscitée.

C'est une première depuis la création du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) en 1989. La nomination d'un nouveau conseiller a été contestée avant même son entrée en fonction. En l'occurrence, il s'agit de Carole Bienaimé-Besse, productrice de documentaires âgée de 43 ans, et épouse de l'entrepreneur Guillaume Besse (Nfactory, Incwo...).

Le 13 janvier, le président du Sénat, Gérard Larcher, a annoncé qu'il souhaitait la nommer au collège du gendarme de l'audiovisuel. Mais quatre jours plus tard, le site Electron libre puis Le Canard enchaîné ont remis en question son passé. Parallèlement, les sénateurs ont reçu des documents anonymes à son sujet. Gérard Larcher a hésité un instant, suspendu au dernier moment l'audition de la candidate par la commission des affaires culturelles, mais a finalement maintenu son choix, qui a été approuvé ce mercredi 25 janvier par les sénateurs.

Deux points débattus

Sur le fond, deux éléments ont fait l'objet de débats. D'abord, la première société de Carole Bienaimé-Besse, April Snow Films & Capital SARL, a été liquidée en février 2015. "J'ai été contrainte de fermer une société, cela a été douloureux, mais aucun salarié n'était engagé à ce moment-là", a expliqué la candidate mercredi lors de son audition par les sénateurs. "Tout s’est fait dans le respect du droit commercial. En cette période de crise, qu’une société soit mise en liquidation judiciaire, c’est le lot quotidien de bon nombre de femmes et d’hommes, et notamment de producteurs indépendants, qui osent se lancer dans l’entrepreneuriat", ajoutent plusieurs producteurs qui ont publié une tribune de soutien.

Autre point débattu: Le Canard enchaîné a indiqué qu'April Snow Films avait été condamné deux fois à régler des impayés. Une première fois, le 28 novembre 2013, le tribunal de grande instance de Paris l'a condamné à payer 9.213 euros au réalisateur David Carr-Brown, plus 3.000 euros de frais de procédure, pour son travail sur un documentaire sur Jean-Charles de Castelbajac diffusé sur NRJ Paris. Une seconde fois, le 31 décembre 2014, le tribunal de commerce de Paris l'a condamné à payer 18.574 euros à la société de post-production Avidia SARL.

Interrogée par le Monde, Carole Bienaimé-Besse a répondu avoir eu un différend avec David Carr-Brown, qui a été finalement licencié pour faute et a perçu une somme plus importante qu’indiqué. "Personne n'a été lésé", a-t-elle ajouté auprès de l'AFP. 

Mercredi, le sénateur UDI Philippe Bonnecarrère a estimé que "cela ne sembl[ait] pas disqualifiant", car "il s'agit de montants limités".

Éviter tout soupçon

Pour éviter tout soupçon, Carole Bienaimé-Besse a indiqué qu'elle allait fermer ses autres sociétés. Il s'agit d'une part de la société britannique April Snow Films & Capital Ltd, créée en 2010. D'autre part, de sa filiale française CBB Entertainment SAS, créée en juillet 2014, dont elle est directrice générale, et qui est présidée par un membre de sa famille, Nicole Bienaimé. "Mes projets en cours seront repris par d'autres. Il est préférable de liquider à l'amiable mes sociétés. [Si ces sociétés poursuivaient leur activité], je ne voudrais pas qu'on puisse penser que l'influence de ma fonction permette un bond de leur chiffre d'affaires", a-t-elle expliqué mercredi.

"Un secteur violent"

Reste à savoir qui cette nomination dérangeait. Carole Bienaimé-Besse a déclaré à l'AFP que cette "cabale" était "pilotée par un petit groupe de producteurs qui ne souhaitent pas voir un producteur indépendant comme moi accéder au CSA". Mercredi, elle a ajouté: "C'est un poste très convoité. On est dans un secteur violent qui subit une révolution violente. Cette violence-là fait partie intégrante de nos métiers".

Selon la tribune de soutien, la contestation provenait de "puissants lobbys". "La polémique montre que cette nomination ne s'impose pas à l'ensemble [des producteurs]", a déploré mercredi le sénateur PS David Assouline.

Pas marquée politiquement

À noter que la gauche s'est abstenue mercredi lors du vote, la droite votant pour. Toutefois, Carole Bienaimé-Besse ne semble pas marquée politiquement. D'un côté, elle a produit un documentaire sur Manuel Valls pour Canal Plus. De l'autre, sa candidature a été soutenue par le producteur Jean-François Boyer, classé à droite: il fut conseiller ministériel de Philippe Douste-Blazy de 1993 à 1995, puis secrétaire national pour l'audiovisuel de l'UMP entre 2003 et 2004. Jean-François Boyer est notamment le président-fondateur de l'Association pour la promotion de l'audiovisuel dont Carole Bienaimé-Besse est vice-présidente.

Les sociétés de Carole Bienaimé-Besse

April Snow Films & Capital Ltd
Création: 2010
Siège: Cheltenham (Grande-Bretagne)
Actionnaire: Carole Bienaimé-Besse (100%)

April Snow Films & Capital SARL
Création: 2011
Liquidation: 2015
Gérante: Carole Bienaimé-Besse
Actionnaires: April Snow Films & Capital Ltd (50%), Full Ressource SARL (société de Guillaume Besse, 50%)

CBB Entertainment SAS
Création: 2014
Actionnaires: Nicole Bienaimé (70%), April Snow Films & Capital Ltd (30%)
Présidente: Nicole Bienaimé

Source: registre du commerce

Jamal Henni