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CSA : ce que veut faire son nouveau président

Le nouveau président du CSA veut renforcer les relations avec les autres autorités indépendantes

Le nouveau président du CSA veut renforcer les relations avec les autres autorités indépendantes - -

Le nouveau président de l'institution, Olivier Schrameck, prend ses fonctions ce jeudi 24 janvier. Devant les parlementaires, mercredi, il a esquissé les grandes lignes de son action à venir.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a un nouveau patron. Olivier Schrameck devient ce jeudi 24 janvier président du gendarme de l'audiovisuel, en remplacement de Michel Boyon.

Deux autres conseillers prennent aussi leurs fonctions ce même jour: la journaliste du Point, Sylvie Pierre-Brossolette, (nommée par Claude Bartolone) et la reporter de France 3, Memona Hintermann, (nommée par Jean-Pierre Bel). La gauche a ainsi nommé trois des neuf membres du collège, les six autres ayant été nommés par la droite.

Sans surprise, la nomination d'Olivier Schrameck a été approuvée, mercredi 23 janvier, par les deux commissions des affaires culturelles du parlement. Toutefois, plusieurs partis ont décidé de voter contre ou de s'abstenir, ce qui est plutôt rare lorsque le parlement est consulté sur une nomination.

En pratique, l'UMP, les communistes et les écologistes se sont abstenus, tandis que l'UDI votait contre (cf. ci-contre).

"Double langage"

Lors de l'audition d'Olivier Schrameck, les écologistes ont expliqué s'abstenir pour protester contre le mode de désignation du président du CSA, nommé par l'Elysée.

La sénatrice UDI Catherine Morin-Desailly a expliqué, elle, que cette "nomination politique" est "totalement inadaptée", et en "contradiction" avec la promesse du candidat Hollande de garantir l'indépendance du CSA. "Vous avez été pendant cinq ans le directeur de cabinet d'un Premier ministre de gauche [Ndlr: Lionel Jospin]. Est-ce que ça ne vous gêne pas? Il vous sera régulièrement rappelé ce manque d'indépendance", a déploré le sénateur UMP Jean-Pierre Leleux.

Le député UMP Michel Herbillon a "dénoncé le double langage et la duplicité" de François Hollande. Il a rappelé les propos tenus par François Hollande en 2007 lors de la nomination de Michel Boyon (ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon) par le président Chirac: "cet organisme va être exclusivement composé d'hommes et de femmes nommés par la droite. Qui pourra croire que le pluralisme est respecté? Je veux ici dire combien nous sommes inquiets, consternés par cette nomination".

Protestations

Olivier Schrameck a protesté de son indépendance auprès des parlementaires. "Je ne suis pas un homme politique. D'une fonction à l'autre, j'ai considéré comme essentielles l'indépendance et l'impartialité, et bien entendu le pluralisme renforcé garanti par la collégialité".

Il a également insisté sur "le respect constant de la liberté et l'indépendance des médias": "Pas une fois, je ne suis intervenu que ce soit pour répondre à une critique, pour suggérer une position, pour relayer une intervention. Si je n'étais pas resté fidèle à cette attitude, quelles que soient les vicissitude de la vie publique, je ne serais pas aujourd'hui président" du CSA, a-t-il affirmé.

Programme de travail

Par ailleurs, Olivier Schrameck a esquissé sa pensée sur les dossiers en cours. Concernant le rapprochement entre l'Autorité des télécoms (Arcep) et le CSA, il penche plus pour une "coopération" que pour une fusion. "La coopération" a "vocation à se renforcer grandement. Je ne crois pas qu'il soit bon de séparer les affaires économiques d'une part, culturelles et sociétales d'autre part. Mon expérience me conduirait à veiller aux coûts parfois inattendus et aux lourdeurs parfois inévitables de tout changement structurel profond. Toute opération de regroupement peut être difficile. Ca ne veut pas dire qu'elle ne doit pas être envisagée".

Il envisage de développer les relations "déjà substantielles" avec l'Autorité de la concurrence, ainsi que celles, "plus ténues" avec la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Il s'est dit "sensible aux difficultés" des télévisions locales, notamment concernant leur numérotation.

Concernant la radio numérique terrestre (RNT), il a déclaré: "il me semble que c'est dans les zones moins bien desservies par les radios analogiques qu'il faut porter une attention privilégiée". Il a indiqué qu'il lancerait une étude d'impact sur le nombre maximal d'auditeurs imposé aux groupes de radio.

Jamal Henni