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Cure d'austérité en vue pour l'audiovisuel public

Le siège de France Télévisions

Le siège de France Télévisions - LUDOVIC MARIN / AFP

Selon les Echos, le gouvernement voudrait réduire de 500 millions d'euros le budget des chaînes publiques d'ici 2022.

Dans le budget 2018, le gouvernement a réduit l'argent versé à France Télévisions de 31 millions d'euros (et même 50 millions par rapport au budget promis) et de 16 millions pour Radio France (20 millions par rapport au budget promis). Une baisse qui a suscité les protestations dans les chaînes publiques, notamment celle de la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte...

Mais ce n'était visiblement qu'un gentil apéritif. Jeudi 12 avril, les Echos, citant des sources à Matignon et Bercy, ont affirmé que le gouvernement voulait réaliser 500 millions d'euros d'économies dans l'audiovisuel public d'ici à 2022. Un chiffre que le gouvernement n'a pas voulu commenter officiellement, mais qui représente 13% du budget global de l'audiovisuel public (3,9 milliards d'euros).

Selon le quotidien économique, le comité Action publique (CAP 2022), qui planche sur la réforme de la sphère publique, pourrait proposer des coupes moins élevées, de l'ordre de 200 millions d'euros par an. Ce comité comprend deux bons connaisseurs du dossier: Marc Tessier (ancien PDG de France Télévisions) et Roch-Olivier Maistre (conseiller maître à la Cour des comptes). Le verdict définitif devrait être rendu au début de l'été.

Dans le collimateur d'Emmanuel Macron

De longue date, le budget de l'audiovisuel public est dans le collimateur d'Emmanuel Macron. Avant son élection, il avait déjà déclaré dans Télérama: "les politiques d'accès à la culture bénéficieront en priorité de réallocations venant, par exemple, de l'audiovisuel public où il y a un très gros budget". Son programme prévoyait de réduire le nombre de chaînes publiques pour "concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses".

Après son élection, il s'est interrogé le 17 décembre sur France 2: "L'audiovisuel public français, c'est de très loin, pour l'État, le premier budget de la culture, donc il y a de l'argent. Simplement, est-ce qu'on le met au bon endroit et est-ce qu'on a surtout l'organisation collective la plus pertinente?"

A huis clos devant les députés, il a été encore plus critique, selon Télérama: "C’est très cher, pour une absence de réforme complète depuis que l’entreprise unique existe; pour une synergie quasi inexistante entre les différents piliers des entreprises publiques; pour une production de contenus de qualité variable". Le président de la République aurait fustigé les relations "complètement incestueuses" entre les chaînes publiques et des producteurs "abonnés à la commande publique". Surtout, il a fustigé les programmes, "trop chers", alors qu'"on met très peu d’argent pour aller éduquer des gens qui sont loin de la culture". Enfin, il avait peu apprécié la réaction de la PDG Delphine Ernotte lorsqu'on lui a demandé des économies: "Je n’accepterai jamais qu’une entreprise publique, quand on lui demande un effort, considère que la seule réponse serait d’augmenter la redevance, ou d’aller faire du lobbying en commission".

Jamal Henni