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Le déblocage de l’épargne salariale, un coup d’épée dans l’eau

Ce qui manque aujourd’hui, c’est une politique claire en matière d’épargne.

Ce qui manque aujourd’hui, c’est une politique claire en matière d’épargne. - -

Depuis juin, les salariés peuvent demander d’ici au 31 décembre 2013, le déblocage de leur épargne salariale, afin de relancer la consommation. Mais la mesure n'a pas le succès escompté.

Depuis juin, les salariés peuvent demander d’ici au 31 décembre 2013, le déblocage de leur épargne salariale. Ce déblocage peut porter sur « tout ou partie des titres, parts, actions ou sommes » placés et normalement indisponibles pendant 5 ans. Cela concerne les plans d'épargne salariale (Plan d’Epargne d’Entreprise) les fonds investis en titres d'entreprise ou des comptes courants bloqués d'entreprise (CCB). Le but était de relancer la consommation. Or, fin octobre 1,2 milliards ont été débloqués, ce qui permet d’anticiper au plus un déblocage de 2 milliards. Autant dire qu’il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau.

Quel était l'objectif de la mesure de déblocage de l'épargne salariale annoncée en juin dernier ?

Cela traduisait une volonté de relancer l’activité économique par davantage de consommation. C’est une des vieilles idées de la gauche : cela s’appelle la relance redistributive. C'est-à-dire on cherche à augmenter les dépenses des ménages soit leur donnant du pouvoir d’achat, soit en les incitant à désépargner.

Est-ce que cela a été efficace ?

On peut aborder cette question sur un plan général de l’analyse des politiques de relance par la consommation. Le problème de ces politiques de soutien de la consommation est qu’elles se heurtent au déficit extérieur - les ménages achètent des biens importés –, et à l’inquiétude latente en cas de crise - les ménages préfèrent alors épargner et ne profitent guère des mesures prises pour les inciter à consommer.

Dans la situation actuelle, nous connaissons un important déficit extérieur, même si la situation tend à s’améliorer. Mais surtout, les ménages préfèrent garder une épargne longue, durable. Et en cas de problème, ils réduisent leur épargne courte, c'est-à-dire le livret A dont les montants collectés sont en légère baisse.

En outre, la mesure était plafonnée, puisque le total des sommes débloquées ne peut excéder 20 000 euros. Enfin, elle était souvent assez mal connue.
RMC a mené l’enquête pour voir en fin de compte le résultat. Le montant de l’épargne salariale, de l’intéressement et de la participation est de l’ordre de 100 milliards d'euros ; les sommes déboursées dans le cadre du « déblocage Hollande » étaient de 1,2 milliards fin octobre, ce qui permet d’anticiper au mieux une dépense supplémentaire de consommation de 2 milliards d'euros.

Ce qui manque aujourd’hui, c’est une politique claire en matière d’épargne, dans un pays qui a besoin à court terme de relancer sa croissance, mais qui, comme il vieillit, a besoin de préserver l’épargne longue. Or le moins que l’on puisse dire est que le message du gouvernement n’est pas clair : il nous veut fourmis, raisonnant à long terme pour sauver nos retraites, et cigales, dépensant à court terme pour donner des débouchés à nos entreprises…

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Le titre de l'encadré ici

|||Epargne salariale : comptez-vous en profiter ?

Jean-Marc Daniel