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Déchets nucléaires: Berlin présente une facture colossale aux opérateurs

Selon un projet de loi adopté par Berlin, les énergéticiens vont devoit verser 23,5 milliards d'euros pour la gestion des déchets nucléaires (image d'illustration)

Selon un projet de loi adopté par Berlin, les énergéticiens vont devoit verser 23,5 milliards d'euros pour la gestion des déchets nucléaires (image d'illustration) - Daniel Roland - AFP

Outre-Rhin, les opérateurs des centrales nucléaires vont devoir payer plusieurs dizaines de milliards d'euros à l'État afin qu'il prenne en charge la gestion des déchets après le démantèlement de leurs centrales.

Développer le nucléaire a un coût. S’en séparer également. Dans le cadre de l’abandon de cette source d’énergie, l'Allemagne vient d’adopter un projet de loi prévoyant le transfert par les opérateurs nucléaires de 23,5 milliards d’euros à un fonds chargé de la gestion des déchets. Pour rappel, la chancelière allemande Angela Merkel a décidé, en 2011, d’abandonner progressivement l’atome après la catastrophe de Fukushima. Actuellement, seules huit centrales sont encore en activité.

Selon ce texte, qui doit encore passer devant le Parlement, les quatre géants EON, RWE, Vattenfall et EnBW devront s’acquitter de 23,5 milliards d’euros, d’ici à 2020, année où la dernière centrale nucléaire allemande cessera son activité. Le fonds public ainsi créé aura la responsabilité du stockage et du transport des déchets nucléaires.

Le projet garantit le financement, à long terme, de la sortie du nucléaire, "sans que les coûts ne soient assumés unilatéralement par la société et sans mettre en danger la situation économique des opérateurs" souligne Gabriel Sigmar, le ministre de l’Économie allemand dans un communiqué.

Le démantèlement des centrales incombe aux énergéticiens

EON, qui devrait contribuer à lui seul pour quelque 10 milliards d’euros au fonds a salué l’adoption du texte. Dans le détail, le total se compose d’une enveloppe de 17,4 milliards d’euros, correspondant aux provisions mises de côté par les opérateurs pour la problématique "déchets". À cela s’ajoute une prime de 6,2 milliards d’euros qui leur permet de se dégager de toutes leurs responsabilités dans leur gestion future, renvoyant ainsi les risques sur l’État.

Ce projet de loi reprend fidèlement les conclusions annoncées en avril par une commission mise en place par Berlin afin de s’assurer que les provisions constituées par les opérateurs de centrales seront suffisantes et mobilisables le moment venu. Les énergéticiens ont globalement mis de côté 40 milliards d’euros, mais leurs difficultés financières avaient fait craindre que ces sommes ne soient plus disponibles.

Une fois les 23,5 milliards versés au fonds, les opérateurs utiliseront le reste de leurs provisions pour démanteler leurs centrales et sceller leurs déchets nucléaires avant stockage, des opérations dont ils restent financièrement et juridiquement responsables.

En raison de leur santé financière, toujours fragile, il est toutefois probable "qu’ils ne puissent pas assumer eux-mêmes les coûts pour le démantèlement des sites", et la facture risque du coup de monter pour les contribuables prévient Claudia Kemfert, experte en énergie de l’institut économique allemand DIW.

A.M. avec AFP