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Découvrez la carte de France du futur réseau d'autocars 

Avec la libéralisation du secteur, l'autocar arpentera de plus en plus de routes de l'Hexagone.

Avec la libéralisation du secteur, l'autocar arpentera de plus en plus de routes de l'Hexagone. - PIERRE VERDY - AFP

La libéralisation du secteur du transport par car en France a été approuvée à l'Assemblée nationale mardi. La route est dégagée pour les autocaristes, qui comptent multiplier les liaisons.

Les autocars vont envahir la France! La libéralisation de ce mode de transport, un des volets de la loi Macron, a été approuvée mardi par les députés. Une majeure partie des restrictions qui pesaient sur le voyage en bus, un moyen de se déplacer peu coûteux, a sauté. Une excellente nouvelle pour les entreprises du secteur qui s'apprêtent toutes à développer leur offre. Et pour l'usager, à quoi va ressembler le réseau autocar de demain?

> Les dessertes qui existent déjà

Aujourd'hui deux types de liaisons coexistent. Les premières assurent la correspondance entre des gares de la SNCF, notamment TGV, et des villes situées à proximité. On recense 371. Les secondes sont des liaisons traversant l'Hexagone, assurées par des compagnies qui en profitent pour accueillir des passagers. Trois grands opérateurs coexistent: la filiale du groupe Transdev, Eurolines (190 liaisons assurées), un collectif de 150 PME du transport routier, Starshipper (6) et la branche autocar de la SNCF, IDBus (4).

Jusqu'à présent, ces autocaristes ne pouvaient proposer qu'un service dit "en cabotage". En clair, vous ne pouviez acheter des billets pour un trajet France-France qu'à condition que l'opérateur respecte quatre strictes conditions:

- Que la desserte se situe sur une ligne dont la ville de départ ou la destination se situe à l'étranger.

- Que les passagers effectuant un trajet national ne représentent pas plus de 50% du nombre total de voyageurs (calculé sur un an).

- Que la desserte nationale ne concurrence pas directement un contrat de service public de transport.

- Que les deux villes françaises reliées ne se situent pas dans une même région.

> Les projets de nouvelles liaisons

Légende: Pour connaître les destinations existantes, passez votre souris sur la ville de départ. 

Avec la libéralisation du secteur, tous ces verrous sautent. Les spécialistes du transport en car pourront proposer les trajets qu'ils veulent. Sauf en Île-de-France où, notamment pour respecter le monopole de la RATP, des liaisons intra-région ne pourront être proposées que si le point de départ et celui d'arrivée sont distants d'au moins 50 kilomètres.

Tous les opérateurs existants ont prévenu qu'ils comptaient développer leurs offres. Eurolines étudie la mise en connexion d'une quarantaine de villes. Dès cet été, Paris pourrait devenir joignable depuis Lille, Strasbourg, Toulouse ou Marseille. Des "transversales", comme un Lyon-Bordeaux, sont également à l'étude, confirme la filiale de Transdev.

Cet opérateur refuse de trop détailler ses futures offres, parce qu'il souhaite attendre le décret d'application de la loi Macron, et surtout pour ne pas donner d'idées à leurs concurrents. Comme Starshipper, qui envisage pour sa part 10 nouvelles lignes. Un Lyon-Montpellier, un Lyon-Béziers ainsi qu'un Paris-Rouen sont envisagés.

L'Ile-de-France serait également à l'avenir mieux connectée à ses régions mitoyennes, cette fois grâce à la RATP. Le réseau de la Régie verrait ses terminus reculer vers "les départements de la périphérie de l'Ile-de-France situés dans l'Eure, la Picardie, la région Centre, la Normandie, l'Eure et Loire ou encore l'Yonne", a ainsi déclaré Pierre Mongin, le PDG du groupe sur BFM Business (vidéo ci-dessous). IDbus, lui, refuse de dévoiler de quelconques pistes de réflexion. 

Une chose est sûre, la concurrence jouera à plein et, comme c'est le cas aujourd'hui en Allemagne, les prix devraient baisser. Notamment pour les passagers qui achètent leurs billets à l'avance.

> Un vaste marché mais des créations d'emploi limitées

Tous ces transporteurs lorgnent avec gourmandise un marché colossal. La mobilité en France a crû de 11% depuis 2000, à près de 990 milliards voyageurs-kilomètres en 2013. Or seulement 17% de ces itinérants prennent les transports collectifs. Quelques 170 milliards de voyageurs-kilomètres, dont seul 0,05% prendrait l'autocar, selon l'étude d'impact réalisé sur la loi Macron.

Dans les autres pays européens qui ont libéralisé le transport par autocar, le trafic s'est fortement développé. En Allemagne par exemple, le nombre de voyages en car a doublé, selon le Commissariat général à la stratégie et à la perspective. Or ce mode de déplacement a remplacé les trajets en voiture plutôt que les trajets en train. De quoi rassurer les défenseurs de l'environnement.

Quid des créations d'emploi? Le secteur représente aujourd'hui 90.000 postes, et génère 2.750 emplois chaque année, à en croire le contrat d’Étude Prospective des transports. Rien de faramineux. A terme, les postes créés par la libéralisation auront le mérite d'exister, mais "sans doute pas de façon proportionnelle à l’augmentation de l’offre de transport", reconnaît France Stratégie. "Un quart des jeunes sont au chômage, ils ne vont pas tous devenir conducteur d'autocar", ironisait à ce sujet l'économiste Thomas Piketty cette semaine. 

Nina Godart