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Déraillement du TGV Est: un rapport blâme une filiale de la SNCF

Le TGV d'essai a déraillé à une vitesse de 243 km/h alors qu’il circulait sur une portion limitée à 176 km/h.

Le TGV d'essai a déraillé à une vitesse de 243 km/h alors qu’il circulait sur une portion limitée à 176 km/h. - AFP - Frederick Florin

Systra, la filiale de la SNCF ayant participé à l’organisation de l'essai fatal sur la LGV Est aurait fait preuve d’un manque de rigueur et de mauvaises pratiques selon un rapport du cabinet Technologia.

Le 14 novembre 2015 à Eckwersheim, onze personnes trouvaient la mort lors du déraillement d’une rame d’essai du TGV-Est. Pour l’heure, l'enquête judiciaire n'a révélé aucun problème technique mais un rapport du cabinet Technologia accable Systra, la filiale de la SNCF et de la RATP qui organisait cet essai.

Ce rapport souligne un manque de rigueur, une chaîne de commandement imprécise et de mauvaises pratiques, selon Le Parisien. "Les documents précisant les conditions de mise en œuvre de ces essais sont imparfaits", écrivent les experts, rapporte le journal.

L'anti-dépasseur de vitesse débranché

Quatre éléments peuvent être reprochés à Systra selon ce rapport commandé par le CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Premièrement, le débranchement lors des essais en survitesse du système qui empêche les trains de dépasser la vitesse limite. "Peut-on laisser le contrôle et la conduite d'une machine de près de 400 tonnes, évoluant à des vitesses pouvant aller jusqu'à 352 km/h, à la seule appréciation d'une personne, aussi expérimentée soit-elle, sachant que les automatismes de limitation de vitesse ont été désactivés?", s’interroge le cabinet Technologia. Le train a déraillé à une vitesse de 243 km/h alors qu’il circulait sur une portion limitée à 176 km/h.

Deuxièmement, les documents qui réglementent les essais auraient été bien trop approximatifs. Dans ces documents, il était indiqué que c’était au chef d’essais d’ordonner de réduire la vitesse dès que celle demandée est atteinte ou dépassée, or, celui-ci ne se trouvait pas dans la cabine de pilotage.

Des invités non autorisés étaient présents dans la rame

Troisièmement, la répartition des tâches n’aurait pas été suffisamment claire entre les employés de Systra et ceux de la SNCF. "Les fiches de poste sont génériques et n'indiquent pas le lien de subordination", reprochent les auteurs du rapport.

Enfin, le nombre de personnes présentes dans la rame au moment du test était dépassé, d’après ce document. Le règlement interdit d’embarquer des invités lors des tests. Le nombre maximal de personnes autorisées dans la cabine de pilotage est de quatre. Or, sept personnes se trouvaient dans cette cabine au moment du déraillement. Et deux personnes invités sont décédées dans l’accident.

De son côté, Systra n’a pas attendu ce rapport pour rectifier ses pratiques. Désormais, "les textes sont plus clairs et certains paragraphes repositionnés de façon plus logique", reconnaît Technologia. "Les essais en survitesse ont été suspendus, le rôle de chacun précisé. Et plus question de modifier en cours d'essai le document qui définit les vitesses à atteindre", rapporte Le Parisien.

A.R.