BFM Business
Assurance Banque

Des millions de clients du Crédit Mutuel condamnés à changer de banque?

Crédit Mutuel Arkéa proposera, en conseil d'administration, de quitter la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, le 17 janvier 2018.

Crédit Mutuel Arkéa proposera, en conseil d'administration, de quitter la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, le 17 janvier 2018. - Damien Meyer-AFP

Crédit Mutuel Arkéa (Bretagne et Sud-Ouest) devrait entériner, le 17 janvier, sa scission avec la confédération, entité de tête du groupe bancaire. Même en restant mutualiste, la banque devra repartir de zéro avec un nouveau nom. S'il est acté, ce divorce impliquera ses 9000 salariés et quelques millions de clients.

C'est un divorce sans précédent dans le monde bancaire qui risque d'être acté le 17 janvier prochain. Le Crédit Mutuel Arkéa, qui rassemble les fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et pour quelques mois encore du Massif Central, s'apprête à quitter définitivement le navire de la confédération nationale, révélait hier Le Monde.

Dans une information communiquée lundi 15 janvier au matin à ses salariés, Jean-Pierre Denis, le président du groupe bancaire mutualiste, basé à Brest, a indiqué qu'il allait proposer le mercredi 17 janvier au conseil d'administration du Crédit mutuel Arkéa, de quitter son organe central, la confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), en obtenant le statut d'un groupe bancaire coopératif mutualiste indépendant du reste du Crédit mutuel.

Il restera ensuite à ouvrir la consultation des fédérations concernées et des caisses locales sur ce projet d'indépendance, lourd d'implications.

Un conflit qui dure depuis plusieurs années

Si la décision était actée, elle marquerait l'aboutissement d'un conflit qui mine depuis plusieurs années le Crédit mutuel. Arkéa justifie de sa taille, de sa solidité financière et de ses diversifications réussies dans la banque en ligne (via le Crédit Mutuel Bretagne) ou le marché des entreprises et collectivité pour faire sécession. Arkéa reproche notamment à la confédération un excès de centralisme liée à une reforme de la gouvernance. Elle considère aussi que le rapport des forces penche du côté du Crédit mutuel Centre-est-Europe, qui s'était renforcé en rachetant le CIC en 1998.

Mais, en choisissant de quitter le navire de la confédération nationale, Arkéa ferait face à un divorce lourd de conséquences pour ses 9.000 salariés et ses 2,2 millions de clients (pour la banque de détail). À commencer par l'abandon de la marque Crédit mutuel. Mi-novembre 2017, l’Office de l’Union européenne pour la propriété industrielle a jugé que cette marque, appréciée des Français, était liée à l’appartenance à la confédération nationale de la banque.

Arkéa risque de devoir presque repartir de zéro 

En quittant la confédération, Arkéa perdra la marque sur la façade de ses agences bancaires, actant la rupture avec ses racines. Cette sécession s'apparente à un saut dans l'inconnu pour les représentants des syndicats de l’UES Arkade du Crédit Mutuel Arkéa CFDT, CGT, Unsa et SNB.

"La sortie du Crédit Mutuel Arkéa de la Confédération Nationale de Crédit Mutuel (CNCM) crée de lourdes incertitudes : l’avenir des parts sociales, constituante majeure de nos fonds propres est flou, l’accord d’un agrément bancaire si nous devenions indépendants n’est à ce jour pas garanti, notre notation sur la place financière serait révisée de manière négative" s'alarment-ils dans Ouest-France.

Un nouvel agrément bancaire sera nécessaire

En effet, à la suite de son divorce, s'il se confirmait, les fédérations sécessionnistes de Bretagne et du Sud-Ouest, repartiront de zéro. Elles auront à se rebaptiser en se dotant d'une nouvelle marque et à décrocher de nouveaux agréments bancaires. Sans compter avec la possibilité de voire débarquer des agences du Crédit Mutuel sur leur zone de chalandise. 

"Le risque de voir s’implanter des agences Crédit Mutuel sur nos territoires après notre départ du groupe mutualiste est réel et confirmé par la CNCM si un tel scénario de sécession se réalisait. Ce danger n’existe pas aujourd’hui en raison des règles statutaires de territorialité. Face à de nouvelles agences, la confusion serait totale pour nos sociétaires et clients" n'hésite pas à s'inquiéter les syndicats d'Arkea qui militent ouvertement pour le statu quo et le maintien au sein de la confédération. C'est une période d'incertitude qui se profile pour les salariés, les clients et les patrons des caisses locales d'Arkéa, dont certaines pourraient ne pas suivre son choix indépendantiste...

Frédéric Bergé