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Carlos Ghosn: "la France est compétitive à certaines conditions"

Carlos Ghosn, le PDG de Renault Nissan, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business.

Carlos Ghosn, le PDG de Renault Nissan, était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business. - -

Le PDG de Renault et Nissan était l'invité de BFM Business ce vendredi 14 février. Il a évoqué les résultats annuels du groupe, parus jeudi, et les accords de compétitivité à Flins et la nouvelle Twingo.

Carlos Ghosn était l'invité de Good Morning Business ce vendredi 14 février. Au lendemain de l'annonce des résultats annuels de Renault, il y a évoqué les nouvelles productions à venir à Flins, permises par les accords de compétitivité, mais aussi la voiture électrique, le partenariat avec Nissan, et l'avenir technologique de l'automobile.

> Sur les 50.000 Micra à produire à Flins

Le constructeur a annoncé ce vendredi matin matin confier la construction de 50.000 Micra, de Nissan, à l'usine Renault de Flins en France. Le fruit de l'accord de compétitivité? "Assurément" répond Carlos Ghosn.

Cet accord "permet de redonner confiance sur la capacité de produire en France des modèles compétitifs". En termes de coût, de qualité, de délai de livraison, produire en France devient évident. "Nissan pouvait produire en Inde des modèles destinés à être importés en Europe ou utiliser des capacités existantes en France, la deuxième solution était plus pertinente. Il vaut mieux construire en Europe pour l'Europe".

Lorsque ces accords étaient en train d'être négociés, Renault promettait de produire 80.000 Nissan à Flins en cas d'effort des salariés. Mais "Nissan est revenu à la charge, en disant 'j'en veux plus'", donc l'usine Renault va désormais être en charge des "Micra avec conduite à droite"

"La France est compétitive à certaines conditions, comme toute l'Europe. La production en France va passer de 500.000 voitures à 710.000 en 2017, par la production de Renault en Europe, et par l'apport de partenaires".

> Sur les rapports entre Renault et Nissan

"Le pourcentage de production de Nissan à Flins va augmenter, mais Flins reste une usine Renault. Une partie de la fabrication devient commune. Nous ne touchons ni le design, ni le marketing, ni la vente, mais nous mettons en commun des forces de recherche, d'ingéniérie, de process".

"L'alliance Renault Nissan a toujours été poussée à mettre les deux entreprises ensemble. Mais ça ne marche pas avec deux entreprises aussi fières, aussi sûres de leur identité. Renault est française, et fière de l'être, Nissan est japonaise et fière de l'être. Si l'un représente une menace pour l'autre, ça ne marche pas".

"Mais on peut en faire des partenaires en respectant l'identité, la marque, l'histoire, en joignant les forces pour ce qui importe peu au client", poursuit-il. "La plupart des voitutres vendues par Nissan en Europe ont des moteurs diesel Renault. Ca ne fait pas des véhicules Nissan des véhicules moins Nissan".

> Sur un éventuel rapprochement avec un autre constructeur

 "Sur les cinq premiers groupes mondiaux, Tata est à 10 millions, General Motors et Volkswagen sont à 9,7 millions, nous nous sommes à 8,3 millions, et Kia-Hyundai est à 7,5 millions: la partie se joue ici".

Carlos Ghosn dit ne fermer "aucune porte". Mais il est prudent "dans l'industrie, il y a eu beaucoup d'annonces de coopération, de rapprochement, qui n'ont pas abouti. Moi, je n'annonce rien qui ne soit pas sûr. Fiat Chrysler est une exception".

Le principal problème de la mutualisation selon Carlos Ghosn: "Tous les accords sont possibles sur le papier, mais est-ce que vous avez le savoir-faire pour y arriver? Comment surmonter des cultures différentes, des egos très forts? Des tendances à considérer que 'si je le fais moi-même, je le ferais mieux que mon partenaire', ou 'je préfère développer ma technologie plutôt que celle de mon partenaire'" ?

> Sur le développement mondial de Renault

"Renault n'est pas la branche low cost du groupe. Les Duster, les Sandero, vendus sous la marque Dacia en Europe, le sont sous le logo Renault dans les pays émergents. Mais là-bas, ces modèles ne sont pas du low cost mais du milieu de gamme, celle qui s'adresse à la classe moyenne".

Sur la nouvelle Twingo, construite en partenariat avec Daimler. "C'est parti comme ça parce que Daimler nous a demandé de les aider pour faire la prochaine Smart. Nous avons dit d'accord, mais dans ce cas là, nous la construisons sur la même plateforme que la Twingo".

"Il ne faut pas oublier que Renault est l'un des meilleurs motoristes mondiaux. Nous ne gagnons pas en F1 pour rien."

> Sur les technologies des voitures du futur

"La voiture électrique est indispensable à l'avenir de l'automobile. Tout le monde y arrive. Mais Tesla, son seul moyen d'exister alors qu'elle est une start-up, est d'attaquer le haut de gamme. Chacun son marché, mais nous sommes objectivement partenaires avec Elon Musk, avec Bolloré."

"La voiture électrique était une condition sine qua non pour l'implantation en Chine, même si ce n'est pas explicitement marqué dans l'accord, on nous a dit 'on va vous donner l'accord, mais on veut une voiture énergie nouvelle'".

Carlos Ghosn croit à la voiture sans conducteur. Et il n'a pas peur que Google, lancé sur ce marché, rafle des marchés aux constructeurs auto: "Google ne fabriquera jamais de voiture, ce qui les intéresse, ce sont les applications dans la voiture. Il va devenir un partenaire de l'industrie automobile".

N.G.