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Droits TV: pourquoi la Ligue 1 est à la traîne (et le restera sûrement)

La Ligue 1 accuse un retard conséquent sur ses concurrents européens.

La Ligue 1 accuse un retard conséquent sur ses concurrents européens. - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Le retard accumulé sur ses concurrents anglais et espagnol sera difficile à combler pour la Ligue 1, qui souffre clairement d’un manque d’attractivité. Mais aussi du faible intérêt des Français pour le football en général.

L’explosion des droits TV en Angleterre et, dans une moindre mesure, en Espagne, ont un peu plus creusé le fossé entre le championnat de France de football et ses concurrents. Avec près d’un milliard d’euros par an -le chiffre étant provisoire car plusieurs lots n’ont pas été attribués- la Liga a en effet rattrapé un peu son retard sur son concurrent anglais (2,3 milliards par saison). En France, Canal Plus et beIN Sports dépensent à elles deux environ 750 millions d’euros par an.

Le rapport de force, lui, ne semble pas avoir vocation à s’inverser. "Le fait de n’avoir qu'un seul grand club en France limite évidemment l’attractivité du championnat", rappelle Bastien Drut, économiste du sport et coauteur du livre Sciences sociales football club. "En Angleterre, on a beaucoup plus de clubs avec un budget de plus de 100 millions d’euros, en Espagne le Barça et le Real sont au top depuis des années, etc. Résultat: on a des déséquilibres qui se sont créés, et il faudra un choc très fort pour les corriger".

D’autant que la conjoncture actuelle – baisse des prix du pétrole et du gaz – conduit les potentiels investisseurs, notamment du Moyen-Orient, à se montrer plus prudents.

Moins de 20% des Français "très intéressés" par le foot

Autre handicap: le peu d’intérêt des Français pour le football. "Des cinq grands championnats européens, la France est le pays où on aime le moins le foot", confirme Bastien Drut. Selon un sondage réalisé par l’UEFA auprès de 18.000 européens, seuls 17% des Français se déclarent "très intéressés" par le football, contre 37% en Angleterre et en Espagne, ou 33% en Italie. La France se situe ainsi en-dessous de la moyenne européenne, à égalité avec des pays comme Israel, la Hongrie, ou l’Autriche.

Les auteurs du livre Sciences sociales football club ont également établi un classement concernant la relation entre le pourcentage des Européens intéressés par le football et l’indice UEFA de chaque pays. Le constat est sans appel: la France pointe à l’avant-dernière place, juste devant la Macédoine. Un indice de plus faisant penser que la situation n’est pas prête de changer.

Sciences sociales football club, par Bastien Drut et Richard Duhautois, éditions De boeck supérieur.

Y.D.