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La e-cigarette va-t-elle devenir un médicament?

Ils seraient plus de 1,5 million en France à utiliser les cigarettes électroniques.

Ils seraient plus de 1,5 million en France à utiliser les cigarettes électroniques. - -

Des usagers réunis en association manifestent ce lundi 7 octobre devant le Parlement européen pour s'opposer au classement de la cigarette électronique comme médicament. Selon eux, cette disposition pénaliserait les consommateurs et condamnerait un secteur en pleine croissance.

Ils sont plusieurs centaines à manifester, ce lundi 7 octobre, devant le Parlement européen de Strasbourg, à l'appel l'Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce).

Celle-ci doit remettre une pétition contre le classement de la cigarette électronique comme médicament. C'est en effet demain que les députés européens se penchent sur la nouvelle directive sur le tabac. Celle-ci inclut un encadrement plus sévère de la vente de ces "vapotteuses" en les médicalisant.

Une décision qui conduirait à tuer le marché et à priver de nombreux fumeurs d'un moyen efficace d'arrêter le tabac, clame Brice Lepoutre, président de l'association d'utilisateurs Aiduce. "Le statut de médicament oblige à disposer d'une autorisation de mise sur le marché pour chaque produit. Cela coûterait des milliards d'euros car cela nécessite de longues études au préalable", met-il en avant.

Pour lui, il ne fait aucun doute que les fabricants répercuteront ces frais sur le prix des produits. De plus, Brice Lepoutre craint de voir une réduction de l'offre qui s'établit à plusieurs centaines de produits : faute de rentabilité, les aromes les moins demandés seront amenés à disparaître.

Environ 300 boutiques spécialisées

Mais la conséquence majeure d'un classement de l'e-cigarette en tant que médicament serait de réserver sa commercialisation aux pharmacies. Un comble quand on sait que cela leur est actuellement interdit.

Du coup, les vapotteuses seraient moins facilement accessibles aux fumeurs. Actuellement, ils sont environ 1,5 million en France à en faire usage. Au total, ce marché a représenté environ 40 millions d’euros en France en 2012. Et il devrait représenter 100 millions d’euros d'ici à la fin de l'année.

"Or c'est sa facilité d'accès qui a permis à de nombreux fumeurs de l'adopter, et pour beaucoup de parvenir à réduire leur consommation de tabac ou à s'en passer. Ce qui est quand même un enjeu de santé publique", avance Brice Lepoutre, qui, lui-même, a décroché du tabac grâce à ce substitut.

Mais cela tuerait aussi un secteur en pleine croissance. Si la vente s'est dans un premier temps surtout concentrée sur Internet, en cinq ans elle est peu à peu passée aux mains de boutiques. En 2012, environ 100 magasins spécialisés dans les e-cigarettes et leurs produits étaient recensés, selon un rapport de l'Office de prévention du tabagisme (OFT). En avril 2013, le nombre de boutiques était de 141. Elles devraient être 300 à la fin de l’année.

Pourquoi pas une norme Afnor ?

Naturellement, l'industrie du tabac voit d'un mauvais œil cette nouvelle concurrence. Les ventes de cigarettes ont reculé de 8,6% au premier trimestre 2013. Les cigarettiers exercent donc de puissantes actions de lobbying après des députés européens pour préserver leur business.

Pour les usagers des cigarettes électroniques, il existe une voie alternative à celle suivie par les députés européens. Ils prônent plutôt la mise en place de norme, de type Afnor, qui garantirait la non nocivité des produits. Ou encore la création d'un organisme chargé de veiller au secteur des e-cigarettes, alimenté pourquoi pas, par le prélèvement d'une taxe auprès des vendeurs.

Coralie Cathelinais