EADS/BAE : le projet de fusion tombe à l’eau
Ce mercredi 10 octobre, l’avionneur européen EADS et le groupe de défense britannique BAE Systems ont annoncé l’échec de leur fusion, qui devait aboutir à la création d’un géant du secteur aéronautique ayant près de 73 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les deux groupes avaient jusqu’à aujourd’hui, 18 heures (heure française), pour présenter aux autorités de régulation britanniques le projet finalisé.
Dans leur communiqué commun, les deux groupes précisent que l’échec est dû à l’absence d’entente entre les gouvernements possédant des intérêts stratégiques dans la fusion (à savoir l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France). "Nous sommes évidemment déçus de ne pas avoir été capables de parvenir à un accord acceptable avec nos différents gouvernements", a déclaré le patron de BAE Systems, Ian King.
Ne pas irriter le Pentagone
Cette fois le blocage est venu de Berlin."Paris et Londres étaient favorables à la fusion, des solutions avaient été trouvées à toutes les questions soulevées par les gouvernements français et britannique", a déclaré un porte-parole du groupe européen d'aéronautique et de défense.
"Le gouvernement allemand n'a donné aucune raison claire pour justifier son opposition", ajoute ce même porte-parole.
L’Allemagne n’aurait pas accepté le compromis franco-anglais portant sur les participations étatiques dans le capital de la fusion.Autres raison possible:Berlin aurait pu craindre que les emplois d'EADS en Allemagne fasse les frais de cette fusion.
Londres et Paris avait trouvé un accord pour limiter le montant total de ces participations à 18% du capital. Ce qui aurait ainsi laissé 9% à Paris, son niveau actuel, et 9% à Berlin, qui souhaitait monter au même niveau que la France. L’idée était de ne pas laisser une trop grande influence aux pays, pour que le Pentagone, un des principaux clients de BAE Systems, ne refuse pas la fusion. En effet, Washington perçoit d’un très mauvais œil les groupes avec de fortes participations étatiques.
BAE Systems a indiqué ne pas chercher "d'autres opportunités", en vue d'une fusion avec un autre groupe.
Cet échec laisse par ailleurs planer des doutes sur le capital détenu par les actionnaires privés d’EADS. Le constructeur automobile allemand Daimler compte se défausser de la moitié de ses parts, c’est-à-dire 7,5%. L’Allemagne comptait les racheter pour équilibrer les intérêts étatiques dans la future fusion. Difficile de savoir ce qu’il en sera désormais.
EADS réagit bien en Bourse
Lagardère (7,5% du capital d’EADS) peut, de son côté se satisfaire de l’échec de ce projet qui aurait annulé le pacte d’actionnaire au sein de l’avionneur européen, qui lui donnait certaines prérogatives (véto sur des nominations de la direction). Le groupe d’Arnaud Lagardère avait d’ailleurs déploré qu’il n’y ait pas de compensation concernant ce pacte.
Mais Lagardère compte céder cette participation, ce qui aurait pu intéresser l’Etat français dans le cadre de cette fusion.
L’échec de cette fusion a en tout cas permis de soutenir le cours de l’action EADS en Bourse. L’action de l’avionneur s'inscrit en forte hausse à la Bourse de Paris. A 14h10, le titre grimpe de 3,75% à 27,06 euros, après avoir touché un plus haut à 27,25 euros. En revanche BAE Systems dégringolait en Bourse de plus de 2,2%.