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Energie

EDF flou sur la manière de démanteler les centrales nucléaires

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- - Sébastien Bozon - AFP

L'Autorité de sûreté nucléaire estime qu'EDF n'a pas fourni assez d'informations sur la manière dont le groupe compte s'y prendre pour démanteler les centrales nucléaires en France.

EDF n'a pas fourni suffisamment d'informations à ce jour à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la manière dont il envisage le démantèlement de ses centrales nucléaires en France. "Entre les trois exploitants (d'installations nucléaires civiles, à savoir EDF, Areva et le CEA), celui sur lequel on a le moins d'éléments techniques pour porter un jugement sur la nature des opérations futures, sur leur faisabilité, sur leur crédibilité y compris en terme de calendrier, c'est clairement EDF", a constaté son président Pierre-Franck Chevet, devant la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale.

Et le président de montrer successivement le dossier fourni par EDF pour la stratégie de démantèlement de son parc de 58 réacteurs, puis celui fourni par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour ses sites, visiblement trois fois plus épais.

Pour évaluer le coût du démantèlement de son parc nucléaire, EDF extrapole l'ensemble des sites les charges estimées pour une centrale équipée de quatre réacteurs (méthode Dampierre, du nom de la centrale située dans le Loiret). "Quand on se pose des questions sur concrètement c'est quoi la méthode Dampierre, on n'a pas d'information ni sur la chronique, ni sur la nature des opérations qui sont prévues, leur séquencement, et donc (...) on a une difficulté", explique Pierre-Franck Chevet. L'ASN doit rendre cette année un avis sur la stratégie de démantèlement prévue par EDF.

Un dossier "relativement léger"

Pierre-Franck Chevet a toutefois validé l'argument d'EDF selon lequel le groupe prévoit des économies d'échelles découlant d'un effet de série lié à la standardisation du parc nucléaire français. "J'en suis totalement convaincu", a-t-il dit, alors qu'un rapport parlementaire rendu public début février sur le démantèlement des centrales françaises s'étonnait d'un tel argument.

Le président de l'ASN a cependant estimé que ces gains d'échelle étaient "difficiles à mesurer" étant donné le dossier "relativement léger" fourni par EDF. Selon le rapport parlementaire, EDF estimait à fin 2015 à 75 milliards d'euros les charges brutes pour le démantèlement de l'ensemble de son parc en activité, composé de 58 réacteurs à eau pressurisé, auxquels s'ajoutent neuf installations en cours de démantèlement.

De son côté le groupe évalue plutôt à 60 milliards d'euros environ les coûts de déconstruction des derniers coeurs de réacteurs et de gestion à long terme des déchets radioactifs (dont le projet de stockage en profondeur Cigeo).

D. L. avec AFP