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EDF songe à baisser ses dividendes

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy prépare l'augmentation de capital du groupe pour le premier trimestre 2017.

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy prépare l'augmentation de capital du groupe pour le premier trimestre 2017. - -

Le groupe pourrait les limiter à la moitié de ses bénéfices. L’État a trop prélevé ces dernières années, et EDF a besoin d’investir lourdement dans la prochaine décennie.

Les belles années d’EDF sont terminées. À l’occasion de son augmentation de capital, prévue au premier trimestre 2017, l’électricien remet à plat sa politique financière. L’État injectera 3 milliards d’euros alors qu’un milliard d’euros sera apporté par le marché, investisseurs actuels et nouveaux. Pour les encourager à remettre au pot, EDF souhaite leur donner de la visibilité sur sa politique de distribution de dividende à moyen terme, sur une période de trois à cinq ans.

Mais dix ans après son introduction en Bourse, EDF sera moins généreux envers ses actionnaires. "Le groupe réfléchit à baisser le taux de distribution de ses dividendes" explique une source proche d’EDF. Sur les cinq dernières années, entre 55% et 60% des bénéfices ont été redistribués aux actionnaires. L’État en a largement profité puisqu’il a prélevé 20 milliards d’euros de dividendes en dix ans. Selon une source à Bercy, l'objectif d'EDF serait de plafonner ce seuil à 50%. Mais à partir de 2017, car rien ne changera pour 2016.

Éviter de diluer les actionnaires minoritaires

L’électricien souhaite limiter ses dividendes pour protéger ses actionnaires minoritaires qui pèsent 15% du capital aux côtés de l’État. Depuis 2015 et jusqu’en 2017, leur participation est diluée à cause de l’État qui augmente la sienne en recevant ses dividendes en actions. Baisser ce taux de distribution a pour objectif de les protéger d’une trop forte dilution. "Les actionnaires souhaitent aussi qu’EDF investisse davantage, notamment dans le parc nucléaire français, pour garantir la rentabilité à long terme" ajoute un bon connaisseur du groupe. EDF fait face à une montagne d’investissement de 55 milliards d’euros d’ici dix ans pour moderniser ses centrales nucléaires et décrocher la prolongation de leur durée de vie de 40 à 50 ans. Le chantier des EPR britanniques d’Hinkley Point lui coûtera aussi 16 milliards d’euros.

Les investisseurs institutionnels considèrent qu’EDF a été trop généreux en dividende et que le groupe doit trouver un équilibre pour investir davantage. Ses concurrents étrangers versent 52% de leurs bénéfices pour l’Italien Enel et 59% pour l’Allemand E.On. La palme revenant au Français Engie, qui a distribué 94% de ses profits à ses actionnaires en 2015!

Matthieu Pechberty