BFM Business
Energie

EDF vend la moitié de RTE à la Caisse des Dépôts

-

- - Charly Triballeau - AFP

Une coentreprise va permettre à la Caisse des Dépôts de prendre 49,9% de la filiale du groupe public.

EDF a scellé mercredi les conditions de la cession partielle, annoncée cet été, de sa filiale RTE, qui va l'aider à se renflouer, et a par ailleurs dit s'attendre à une baisse de son excédent brut d'exploitation l'an prochain.

Dans un communiqué, le groupe rapporte avoir conclu un accord "engageant" portant sur la cession de 49,9% de RTE, gestionnaire du réseau français de lignes à haute tension, à la Caisse des dépôts et à l'assureur CNP.

"Le schéma retenu prévoit l'entrée de la Caisse des Dépôts et de CNP Assurances comme actionnaires de référence de RTE aux côtés d'EDF, à travers la création d'une coentreprise détenue conjointement par EDF (50,1%) et la Caisse des Dépôts et CNP Assurances (49,9%)" ont détaillé les partenaires, qui prévoient de finaliser l'opération au premier semestre 2017.

Cession par étapes 

La transaction se fera par étapes : dans un premier temps, EDF va transférer, d'ici la fin de l'année, la totalité du capital de RTE à la nouvelle coentreprise, qui financera en partie l'acquisition des titres par de l'endettement.

Puis, EDF cédera à la Caisse des Dépôts et CNP 49,9% du capital de cette coentreprise, d'ici la mi-2017. Dans le détail, la CDC prendra 29,9% de la coentreprise, et CNP 20%.

Enfin, EDF précise que le solde de sa participation dans la co-entreprise (50,1%) "restera affecté" à son portefeuille d'actifs dédiés, qui doivent servir à couvrir les charges de démantèlement du parc nucléaire français. Ce montage doit "conforter RTE dans sa mission de service public", assurent les partenaires.

L'ouverture du capital de RTE valorisera la filiale dans sa totalité à 8,2 milliards d'euros, a précisé EDF, un montant conforme aux chiffres qui circulaient jusqu'ici. EDF, qui va donc récupérer plus de 4 milliards d'argent frais grâce à cette transaction, pourra en plus bénéficer éventuellement d'un complément de valeur de 100 millions d'euros maximum.

La cession partielle de RTE avait été décidée par le gouvernement au printemps, pour contribuer à renflouer les caisses d'EDF. Le groupe public fait face à une situation financière tendue, notamment pour moderniser le parc nucléaire français, mener à bien son projet de nouvelle centrale britannique à Hinkley Point, et participer au sauvetage de l'ex-fleuron national Areva, dont il va reprendre l'activité réacteurs.

Le groupe confirme au passage qu'il présentera à son conseil d'administration d'ici fin mars 2017 un projet d'augmentation de capital de 4 milliards d'euros, pour renforcer ses fonds propres, "si les conditions de marché le permettent".

Conjoncture dégradée 

Comme prévu depuis le début, l'État s'est engagé à y participer à hauteur de 3 milliards, pour aider le groupe à sortir de l'ornière.

Parallèlement, la conjoncture continue de se dégrader pour l'électricien tricolore.

EDF a ainsi également annoncé mercredi qu'il prévoyait une baisse de son Ebitda (excédent brut d'exploitation) l'an prochain, en raison notamment "de la baisse des prix de marché" de l'électricité en France et au Royaume-Uni, et compte tenu des volumes d'Arenh souscrits par ses rivaux pour 2017 (l'Arenh est le mécanisme qui oblige EDF à revendre une partie de son électricité nucléaire à ses concurrents, à un prix encadré par l'Etat).

Le groupe s'attend ainsi à un Ebitda compris entre 13,7 et 14,3 milliards d'euros en 2017, alors qu'il devrait s'élever entre 16 et 16,3 milliards cette année. Concernant 2016, EDF avait été contraint de revoir à la baisse ses prévisions à trois reprises cette année, du fait de divers déboires. 

Dans les clous du plan d'économie

Pour le reste, EDF se dit dans les clous de son plan d'économies présenté en avril, dont il a confirmé les objectifs (baisse de 2 milliards des investissements nets en 2018 par rapport à 2015, et réduction de 1 milliard des coûts opérationnels en 2019 par rapport à 2015).

Quand aux 10 milliards de cessions programmées d'ici à 2020, le groupe se dit en mesure de les concrétiser à 70% dès l'an prochain, grâce notamment à la cession partielle de RTE.

J.M. avec AFP