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Emmanuel Besnier, le très mystérieux patron de Lactalis

Le scandale du lait infantile contaminé a mis le patron de Lactalis sous les feux de la rampe. Emmanuel Besnier pointe au 11ème rang des plus grandes fortunes de France. Pourtant, le dirigeant de ce géant de l'industrie agro-alimentaire en Europe, ne communique jamais.

Convoqué vendredi 12 janvier à Bercy par Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, pour s'expliquer sur le scandale du lait infantile contaminé par la salmonelle, Emmanuel Besnier n'a pas tenu de conférence de presse. Surtout pas. Appelé par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, vendredi matin sur RTL, à venir s'exprimer publiquement, le patron du leader mondial du lait est arrivé à Bercy par une entrée dérobée, évitant soigneusement les caméras et les photographes.

Cette excessive discrétion, Emmanuel Besnier l'a cultive à l'envi et son groupe aussi. Non côté en Bourse, 100% privé, Lactalis ne dévoile rien sur sa stratégie ni sur ces activités et ne publie pas ses comptes annuels alors qu'il figure parmi les géants mondiaux de l'agroalimentaire en Europe aux côtés de Nestlé et Danone.

Il est la 11ème fortune française

Petit-fils d'André, fondateur en 1993 de la fromagerie Besnier et fils de Michel, fondateur du groupe Lactalis, Emmanuel n'a pratiquement jamais donné d'interview. Décrit comme grand et mince, il fuit les curieux. Peut-être pour répondre à une logique: ne pas parasiter la puissance des marques du groupe: Président, Lactel, la Laitière, Galbani...

Ce chef d'entreprise est classé au 11ème rang du classement 2017 des grandes fortunes de France établi par le magazine Challenges. Son patrimoine lié au 100% de Lactalis qu'il détient avec son frère et sa soeur, était estimé à 8 milliards d'euros. Dans un article publié par L’Express, Emmanuel Besnier est décrit comme un patron ayant "fermement" repris en main les rênes de Lactalis à la mort brutale de son père en 2000, quelques mois avant de fêter ses 30 ans.

Depuis lors, l’homme a construit un empire autour du business qu’avaient créé puis développé son père et son grand-père. En tant que président du conseil de surveillance du groupe Lactalis, il a piloté le rachat de Galbani et Celia en 2006, Dukat en 2007, Puleva en 2010 jusqu’au groupe italien Parmalat et, en 2011, via une OPA hostile. "En dix ans, le chiffre d’affaires international du groupe a triplé", rappelle LSA. Le groupe revendique aujourd'hui 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel sur 2015. Il emploie désormais près de 75.000 personnes dans 85 pays du monde.

Il a pour lui une loge aux vitres teintées au stade de Laval

Diplômé d'une école de commerce, l’Institut Supérieur de Gestion, Emmanuel Besnier fuit les photographes, les journalistes, et ne se montre jamais dans les usines du groupe. L’Express raconte qu’il choisit des salles à l’étage à l’abri des regards lorsqu’il mange au restaurant,. Élu "Mayennais de l’année" par le Rotary Club en 2006, il a refusé de se déplacer pour recevoir cette distinction. Et lorsqu'il assiste aux matches de football au stade Francis-Le Basser de Laval, il le fait depuis une loge aux vitres teintées.

Une discrétion poussée à l’extrême qui lui permet de ne jamais rendre de comptes, raconte le magazine. "Ni à ses salariés, ni aux éleveurs laitiers, ni aux consommateurs". Selon un article des Echos, il est propriétaire d’un château en Mayenne, d’un chalet à Courchevel, d’un appartement dans le 7ème arrondissement de Paris et d’une maison sur l’île de Ré. Le journal belge L’Echo lui attribuait aussi en 2014 la présidence d’une holding en Belgique, BSA International qui contrôlerait plusieurs filiale de Lactalis à travers le monde.

F.Bergé, A. Raynal, avec Hélène Cornet