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Déchets nucléaires: la France fait son trou

La construction n'a pas commencé, mais dans le laboratoire sous-terrain de l'Andra à Bure, les équipes vérifient la sûreté du projet.

La construction n'a pas commencé, mais dans le laboratoire sous-terrain de l'Andra à Bure, les équipes vérifient la sûreté du projet. - -

Le débat sur le futur centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure, dans la Meuse, s’ouvre ce mercredi 15 mai. Un projet qui pourrait atteindre 36 milliards d'euros. Mais qui place la France en situation de leader en ce domaine.

80.000 m3 de déchets radioactifs sur 25 km² de sous-sol argileux, une fermeture prévue dans une centaine d’années, et des déchets dont la durée de vie dépasse les 300.000 ans... Les chiffres concernant le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, dans la Meuse, sont impressionnants. Tout comme le coût de ce projet: entre 15 et 36 milliards d'euros !

Un coût qui a doublé en dix ans

Le débat public s’ouvre ce mercredi 15 mai et risque d’être houleux. Car même en laissant de côté les questions de sûreté, non-négligeables, la facture du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) augmente.

L’Andra, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, a revu le coût du programme à 36 milliards d’euros, plus du double qu’au démarrage du projet, il y a dix ans.

EDF et Areva, les exploitants des centrales françaises, avancent, eux, un coût total de 15 milliards d’euros. Actuellement, le budget annuel du projet, estimé à 120 millions d’euros, doit être financé par une taxe sur les installations nucléaires d’EDF et d’Areva.

Schéma de stockage des déchets à Bure
Schéma de stockage des déchets à Bure © -

Un gruyère imperméable

Le principal obstacle reste la nature géologique du sous-sol, et l’argile de Meuse présente une grande imperméabilité. Les colis radioactifs seront entreposés dans des tunnels situés à 500 mètres de profondeurs, dans des conteneurs en béton.

Une fois ces derniers érodés par le temps, la couche argileuse devrait maintenir l’étanchéité suffisamment longtemps pour les radiations deviennent inoffensives pour l’Homme.

La demande de construction pour 2015

Pour la région, l’impact économique du projet est aussi important que son impact environnemental. En 2012, les départements de la Meuse et de la Haute-Marne ont perçu 30 millions d’euros chacun à titre de contrepartie.

L’Andra estime aussi que la construction des installations, prévue entre 2019 et 2025, va employer entre 1.300 et 2.300 personnes. Une fois mis en service, Cigéo comptera entre 600 et 1.000 salariés permanents. A condition bien sûr que la demande d’autorisation, qui sera déposée en 2015, soit reçue.

La France leader du secteur

Mais s’il est coûteux, ce projet d’enfouissement des déchets place la France comme leader sur le secteur du nucléaire. Des programmes similaires sont, en effet, en cours de développement en Suède et en Finlande, où les travaux de construction sont prévus respectivement pour 2017 et 2021. Mais ces centres ne devraient accueillir que du combustible usagé et non-retraité.

D’autres pays européens, comme la Belgique et l’Espagne, étudient aussi des solutions d’enfouissement pour les déchets nucléaires. "La constante de temps entre le début de la recherche de site et la mise en service est de l'ordre de la trentaine d'années", explique Gérald Ouzounian, directeur international de l’Andra.

Audrey Dufour