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Entre redevance, taxe télécoms et retour de la pub, Fleur Pellerin a fait son choix

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- - Kenzo Tribouillard - AFP

Il n’y aura pas de retour de la publicité sur les chaînes publiques et la redevance sera calée sur l’inflation. La ministre de la Culture opte plutôt pour une hausse de 0,3% de la taxe des opérateurs internet.

Entre augmentation de la redevance, retour de la publicité sur les chaînes publiques après 20 heures et hausse de la taxe des fournisseurs d’accès Internet, Fleur Pellerin a fait son choix. Dans un entretien au Journal du Dimanche, la ministre de la Culture a révélé qu’elle ne suivrait pas les recommandations de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, qui aurait préféré la pub et la redevance.

Le plan de la ministre est d’abord de limiter la hausse de la redevance - actuellement à 136 euros - à l’inflation. "La hausse sera donc contenue à un euro seulement en 2016. C'est la plus faible augmentation depuis 2008", a indiqué la ministre, au terme d'un arbitrage interministériel de plusieurs semaines.

En fait, le principal levier du renflouage de France Télévision et Radio France, respectivement déficitaire de 10 et 21 millions d’euros, sera l’augmentation de la taxe que paient les opérateurs à internet : Free, Bouygues, SFR, et Orange. Cette taxe, qui représente actuellement 0,9% du chiffre d’affaires, augmentera de 0,3 point pour passer à 1,2%. "Cette fraction des recettes sera affectée de façon pérenne à l'audiovisuel public", a ajouté Fleur Pellerin. Cette augmentation devrait rapporter plusieurs dizaines de millions d’euros, selon l’AFP.

Les FAI vont-ils répercuter la hausse sur la facture du consommateur?

La réaction de Delphine Ernotte, qui rappelons le est l'ancienne patronne d'Orange France, ne s’est pas fait attendre. Sur Twitter, elle a lâché un message digne de Radio Londres: "Fromage ou dessert? Non c'est régime... je n'arrêterai jamais de me battre pour France Télévision".

Instaurée en 2009 sous le gouvernement de François Fillon, cette taxe dite "Copé" avait été instaurée pour compenser la perte des spots publicitaires après 20 heures. Toutefois, le montant récolté, entre 200 et 300 millions d’euros, n’était pas directement affecté au secteur.

Reste à savoir si la hausse de cette taxe ne sera pas finalement payée par les consommateurs si les opérateurs décidaient de la répercuter sur les abonnements. Pour Fleur Pellerin, ce ne sera pas le cas. Selon la ministre, ils risqueraient de perdre des clients. "La concurrence sur les prix est forte dans ce secteur et les Français changent facilement d'opérateur".

Quant à la taxe sur les PC, tablettes et smartphones, Fleur Pellerin n’a pas apporté de réponse claire. Pour elle, l’idée reste en tête. "Il faudra s'interroger dans le futur sur une réforme plus globale, adaptée à ces nouveaux usages".

Qu’en pensera Axelle Lemaire, secrétaire d’État au Numérique qui, ces derniers jours, s'est opposée à Fleur Pellerin sur une extension de la redevance TV aux abonnements internet? Sera-t-elle favorable au fait de taxer les appareils? Actuellement en voyage officiel en Côte d’Ivoire, la secrétaire d’État n’a pas encore réagi.

Pascal Samama avec AFP