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Entreprises : les retards de paiement s'accumulent, signe de difficulté

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En difficulté, nombre d’entreprises tentent de sauvegarder leur trésorerie en honorant leurs factures de plus en plus tard. Au 3e trimestre, seulement 30% ont payé dans les délais impartis. Et la durée du retard est passée en un an de 11 à 12 jours.

Parmi les indicateurs des difficultés des entreprises, il y a leur situation de trésorerie. Cette situation s’est considérablement détériorée en 2012. En 2013, il y a un contraste entre la situation des grandes entreprises qui déclarent que leur trésorerie est moins tendue que l’année dernière et celles des PME. Celles-ci ont du mal à trouver des financements bancaires et subissent les retards de paiement de leurs clients. On estime qu’à l’heure actuelle, 13 milliards € manquent dans les trésoreries des PME du fait des retards de paiement. C'est- dire si ces retards de paiement atteingnent des proportions alarmantes.
En Europe, les pays où ces retards sont plus significatifs encore sont ceux d’Europe du Sud comme l’Espagne ou surtout le Portugal et l’Italie, là où la crise est encore plus sévère que chez nous et où surtout les taux d’intérêt sont plus élevés.

Que faut-il faire ?

Le problème est que les délais de paiement sont très précisément prévus par la loi. En 2008, une loi dite de modernisation de l’économie les a fixés à 30 jours après réception de la marchandise. Et l’Europe a étendu cette règle à l’ensemble de l’Union à compter de janvier 2013. Mais en cas de non respect de cette règle, les partenaires se menacent, rappellent les engagements contractuels avant de saisir éventuellement la justice, ce qui en amoindrit la portée.
L’Etat joue les conciliateurs dans les cas les plus difficiles. Arnaud Montebourg a créé dans chaque région des « Commissaires au redressement productif » qui animent des cellules de « veille et d’alerte précoce » sur les difficultés des entreprises de moins de 400 salariés. Une de leur mission est de faire en sorte qu’une entreprise en difficulté soit payée dans les délais impartis. Et les responsables patronaux saluent plutôt l’action de ces « commissaires » au nom un peu étrange.
L’Etat a fait en outre un effort vis-à-vis de ses fournisseurs puisqu’on est passé depuis 2011 de 36 jours à 23 jours pour le règlement de ses factures.
En revanche les collectivités locales sont encore des payeurs lents, le pompon revenant aux régions qui mettent en moyenne 33 jours à régler ce qu’elles doivent.
Soyons lucides : la vraie solution sera de redonner des perspectives de croissance aux entreprises pour qu’elles ne cherchent pas à faire porter le chapeau à leurs fournisseurs.

Jean-Marc Daniel