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Espionnage à France 24: l'ancienne collaboratrice d'Ockrent condamnée

Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac ont dirigé ensemble l'Audiovisuel extérieur de la France

Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac ont dirigé ensemble l'Audiovisuel extérieur de la France - Thomas Coex et Jean Ayissi AFP

Six mois de prison avec sursis ont été infligés pour "espionnage informatique" à l'ancienne collaboratrice de Christine Ockrent.

Le tribunal correctionnel de Nanterre a rendu jeudi 16 juin son verdict dans l'affaire d'espionnage ayant eu lieu en 2010 à l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF, aujourd'hui France Médias Monde), qui regroupe France 24, RFI et MCD.

Candice Marchal, ancienne collaboratrice de Christine Ockrent, a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour espionnage informatique. L'informaticien Thibault de Robert, poursuivi comme Candice Marchal pour piratage et vol de données de l'AEF, a été condamné à la même peine. Chacun d'entre eux devra verser un euro de dommages et intérêts à France Médias Monde, partie civile. Le procureur avait requis six à huit mois d'emprisonnement avec sursis contre Candice Marchal, 43 ans, et quatre à six mois avec sursis contre Thibault de Robert.

Guerre des chefs

L'affaire avait débuté en octobre 2010, après une fuite dans Le Canard enchaîné sur la gestion financière de l'AEF, dans un contexte de guerre des chefs entre le président de l'AEF de l'époque, Alain de Pouzilhac, et son ancienne directrice déléguée, Christine Ockrent.

Candice Marchal était poursuivie pour avoir frauduleusement accédé à une copie internet du serveur informatique de l'AEF, créée par Thibault de Robert, ainsi qu'aux boîtes mail de plusieurs de ses dirigeants grâce aux codes que l'informaticien lui a fournis, et d'en avoir soustrait des données confidentielles. Licenciée pour faute grave fin 2010, elle avait réfuté tout espionnage et "certainement pas" pour le compte de Christine Ockrent.

Dépassée par la situation

À l'audience, Candice Marchal avait "regretté" avoir consulté les boîtes mail de deux dirigeants, y cherchant des informations sur son avenir, et le licenciement du directeur de la rédaction de France 24 Vincent Giret, dans une période "assez violente" pour les proches de Christine Ockrent. Elle avait assuré qu'elle pensait être autorisée à accéder à la copie intégrale du serveur, qu'elle consultait le soir depuis chez elle. Le procureur avait, au contraire, estimé qu'elle avait eu accès à un segment "stratégie" où elle ne pouvait d'ordinaire pas pénétrer. Elle a eu "le comportement de quelqu'un qui veut régler ses comptes", avait-il lancé. Candice Marchal est bien loin d'être "une Mata Hari", avait répliqué son avocate, qui a plaidé la relaxe: "On lui prêtait cette relation (de proximité) avec Christine Ockrent, on a voulu la détruire".

Candice Marchal avait "une parfaite connaissance du caractère illégal de (ses) agissements" et a démontré une "volonté de dissimulation", a déclaré la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez en lisant le jugement. Toutefois, lui a-t-elle lancé, "vous avez été visiblement dépassée par la situation que vous avez créée, et l'ambiance délétère qui régnait au sein de l'AEF" à l'époque.

Thibault de Robert a quant à lui "trahi le coeur de son métier, la sécurité, la confidentialité", en fournissant les codes d'accès, avait dit le procureur.

Christine Ockrent, qui a toujours nié avoir mis en place un quelconque espionnage, n'a pas été entendue au cours de l'enquête, pas plus qu'Alain de Pouzilhac. Elle avait finalement claqué la porte de l'audiovisuel extérieur en mai 2011. Son rival avait été contraint de démissionner en juillet 2012.

Jamal Henni avec AFP