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Exclusif: feu vert au rachat de Sud Radio par Fiducial

La radio va être reprise par le controversé Christian Latouche aux idées très à droite

La radio va être reprise par le controversé Christian Latouche aux idées très à droite - -

Le CSA a donné mercredi 4 septembre son feu vert au rachat de la radio par le groupe du controversé Christian Latouche.

Le collège du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), réuni en assemblée plénière mercredi 4 septembre, a donné son feu vert au rachat de Sud Radio par le groupe d'expertise comptable Fiducial. Cette approbation était la dernière étape nécessaire pour finaliser ce rachat, annoncé en mai.

Pourtant, selon plusieurs sources, le gendarme de l'audiovisuel était assez réticent face à ce rachat, et pour plusieurs raisons. D'abord, les idées politiques très à droite de Christian Latouche, PDG fondateur de Fiducial. Il avait par exemple participé en 2003 à l’université du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, en tant qu’intervenant extérieur, raconte Rue 89.

Très à droite

Ensuite, Fiducial s'était lancé ces derniers mois dans une violente campagne contre le CSA, via son journal Lyon Capitale, comme l'ont relevé Les Echos.

Précisément, sa fureur remonte à l'appel à candidatures pour 6 chaînes TNT mené par le CSA en 2012. Fiducial avait alors postulé pour une chaîne baptisée D Facto, et affirme même avoir reçu un accueil favorable de deux conseillers de Nicolas Sarkozy, Camille Pascal et Patrick Buisson. "En ce qui nous concerne, nous étions censés représenter, pour le pouvoir de droite, la solution de repli", écrit Didier Maïsto, responsable des activités médias de Fiducial et notamment PDG de Lyon Capitale.

Mais le projet ne sera finalement pas retenu par le CSA. "Les dés étaient pipés d'entrée", accuse Lyon Capitale. Le journal brocarde Michel Boyon, président du CSA à l'époque, carricaturé avec une pancarte autour du cou où est inscrit: "Papamadit".

Mais Lyon Capitale s'attaquait aussi au nouveau président du CSA, Olivier Schrameck: "la nomination d’un haut fonctionnaire ouvertement politique à la tête du CSA est passée comme une lettre à la poste au tarif lent, tant il est vrai que ce partisan d’un bord ne fait que se substituer à son alter ego de l’autre bord, dans un principe d’alternance bien compris".

Pas de base légale pour dire non

Mais le CSA n'avait guère de base légale pour opposer son veto à un tel rachat. Certes, les textes et la jurisprudence lui permettent de dire non dans deux cas, mais aucun ne s'applique en l'espèce.

Primo, le CSA peut refuser un rachat si l'acquéreur n'a pas la surface financière suffisante. Or tel n'est pas le cas: Fiducial revendique un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de dollars en 2012.

Secundo, le CSA peut dire non si l'acquéreur veut changer le format de la chaîne. En l'espèce, Fiducial assurait vouloir respecter le format d'origine.

"Lors d'un rachat, le CSA a finalement très peu de marges de manoeuvre, bien moins que lors d'un appel à candidatures, ou que lors d'une reprise après dépôt de bilan", résume un expert.

Finalement, le CSa a juste imposé le respect de certaines obligations concernant les programmes.

"Outrancier et ridicule"

Interrogé fin juin, le conseiller du CSA en charge du dossier, Patrice Gélinet, assurait: "le CSA n'est pas réticent vis-à-vis de cet acquéreur plutôt qu'un autre. Quant aux articles de Lyon Capitale, ils sont tellement outranciers et ridicules qu'ils nous laissent indifférents". Interrogé sur les opinions politiques de Christian Latouche, Patrice Gélinet répond: "nous ne les connaissons pas, et cela ne rentre pas en ligne de compte".

Mise à jour: le CSA a publié un communiqué confirmant son feu vert.

NB: cet article est une mise à jour d'un article paru le 1er juillet

Jamal Henni