BFM Business
Energie

EXCLUSIF : Le méga bonus du président de Technip

Thierry Pilenko, président de TechnipFMC quittera le groupe le 1er mai.

Thierry Pilenko, président de TechnipFMC quittera le groupe le 1er mai. - JACQUES DEMARTHON / AFP

Thierry Pilenko partira du groupe parapétrolier le 1er mai prochain avec des primes totales de 14 millions d’euros. TechnipFMC a perdu 2 milliards d’euros l’an passé.

Un parachute doré malgré de mauvais résultats. L’actuel président de TechnipFMC, Thierry Pilenko, a annoncé début janvier qu’il partirait le 1er mai prochain pour laisser tous les pouvoirs à l’ancien patron de FMC, l’américain Doug Pferdehirt. Artisan du mariage avec FMC, l’ancien PDG de Technip partira après de lourdes pertes. Le groupe franco-américain a perdu 1,9 milliard de dollars en 2018.

La valorisation de leur fusion a déjà été revue à la baisse et passée en pure perte seulement deux ans après sa réalisation. En cause aussi, les projets pétroliers qui ne redécollent pas autant qu’espéré. Depuis le mariage, leur cours de bourse a d’ailleurs perdu 50% de sa valeur. Enfin, le groupe a provisionné 280 millions de dollars pour couvrir des litiges avec les autorités américaines pour des affaires présumées de corruption en Afrique et en Amérique du sud.

Malgré ces pertes, Thierry Pilenko partira avec des primes de 14 millions d’euros. D’abord, il bénéficiera d’actions gratuites pour un montant valorisé aujourd’hui à près de 10 millions d’euros. D’après le rapport annuel de TechnipFMC, publié le week-end dernier en Grande-Bretagne où le groupe est désormais basé, l’actuel président du groupe parapétrolier conservera 458.503 actions gratuites qui lui ont été attribuées entre 2015 et 2017. Le cours de bourse du groupe étant de 20,8 euros mercredi, leur valorisation atteint 9,5 millions d’euros.

Exception à la règle de présence

Le document stipule qu’il ne touchera aucune action au titre de 2018, année noire pour le groupe. Sauf qu’en 2017, il avait bénéficié de deux programmes pour 200.000 actions. « Le second était celui de 2018 versé un an en avance » précise une source proche du groupe. Ce qui pousse beaucoup de salariés de Technip à se demander si son départ n’aurait pas été préparé de longue date.

Thierry Pilenko bénéficiera de ces actions à travers quatre versements en septembre 2019, février, juillet et décembre 2020. Il profitera ainsi d’une exception à la règle qui conditionne le maintien de ces actions à la présence dans l’entreprise. Le motif étant qu’il quitte l’entreprise sans être démis de ses fonctions ni avoir commis de faute. Et qu’« il n’est pas un salarié lambda mais président, justifie le groupe. Son mandat n’est pas renouvelé donc il garde les bénéfices de ses actions ».

Plus que le patron de Total

A cela s’ajoute une clause de non-concurrence d’un an de salaire (fixe et bonus), soit 2 millions d’euros. Et un an de salaire supplémentaire contre l’engagement de renoncer à toute poursuite contre TechnipFMC, soit à nouveau 2 millions d’euros. Ce qui porte le total à près de 14 millions d’euros de primes, sans compter le salaire fixe de 900.000 euros et le salaire variable de 1,95 million d’euros. Thierry Pilenko conservera aussi 450.000 autres stock-options qu’il pourra exercer d’ici 2024. Mais au cours actuel de 21 euros, elles ne valent rien. Il faudrait qu’il dépasse 24 euros pour générer un gain.

Au siège de Technip France, des voix de salariés et de cadres dirigeants s’élèvent pour critiquer cette rémunération jugée excessive au regard des pertes de l’entreprise. Tous comparent celle de Thierry Pilenko à celles des PDG des majors pétrolières. Comme le PDG de Total, Patrick Pouyanné, qui avait touché 6 millions d’euros en 2017 quand le pétrolier gagnait 8 milliards d’euros de bénéfices. Ou celle du patron de Shell, Ben Van Burden, qui a gagné 20 millions d’euros pour 2018 après que le pétrolier néerlandais a engrangé 23,4 milliards de dollars de profits.