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Exclusif: Luc Besson condamné à payer 700.000 euros à son ex-bras droit

Luc Besson réclamait pas moins de 2,3 millions d'euros à son ancien associé

Luc Besson réclamait pas moins de 2,3 millions d'euros à son ancien associé - -

Le réalisateur avait licencié pour "faute lourde" son associé Pierre-Ange Le Pogam. Mais les prud'hommes jugent ce licenciement "sans motif réel ni sérieux".

Revers pour Luc Besson. Sa société EuropaCorp a été condamnée à payer à Pierre-Ange Le Pogam 692.389 euros, dont 221.795 euros de dommages et intérêts.

Pierre-Ange Le Pogam était l'associé de longue date du réalisateur du Cinquième élément. En 2000, ils avaient co-fondé le studio EuropaCorp. Pierre-Ange Le Pogam en était directeur du développement, administrateur et actionnaire.

Mais il y a deux ans et demi, les deux hommes se sont fâchés pour de bon. Le réalisateur du Grand bleu a alors licencié pour "faute lourde" Pierre-Ange Le Pogam, qui est allé se plaindre aux prud'hommes, réclamant au total 1,34 million d'euros. En retour, Luc Besson demandait pas moins de 2,35 millions d'euros de dommages et intérêts à son ancien associé.

Le conseil des prud'hommes de Paris vient de donner raison à Pierre-Ange Le Pogam. Selon le jugement (téléchargeable ici), il a été licencié sans "motif réel ni sérieux", car "la faute lourde n'est pas établie".

Dénigrement répété

Pour démontrer la faute lourde, EuropaCorp avait accusé le partant de bien des maux. D'abord, "un dénigrement public et répété de son employeur". Cela s'appuyait notamment sur des propos rapportés par Le Nouvel observateur. Hélas, l'auteur de l'article a témoigné qu'il n'avait pas lui-même entendu Pierre-Ange Le Pogam tenir ces propos...

Autre argument du réalisateur de Nikita: Pierre-Ange Le Pogam a créé sa propre société de production, Stone Angels, alors qu'il avait signé une clause de non concurrence. Problème: Stone Angels a été créé mi-mars 2011, soit un mois après le licenciement. La clause de non concurrence ne s'appliquait donc plus.

Concurrence déloyale

Mais Luc Besson a plaidé que Pierre-Ange Le Pogam travaillait déjà à ce projet concurrent alors qu'il était toujours chez EuropaCorp, et l'accusait donc de "détournement de ressources, concurrence déloyale, vol de fichiers, et débauchage" -ce dernier point car il a recruté deux stagiaires d'EuropaCorp...

A en croire EuropaCorp, les trois premiers films sur lesquels a travaillé Stone Angels (Cosmopolis, Les chevaux de Dieu et Grace de Monaco) "étaient des projets initiés dans le cadre d'EuropaCorp, mais finalisés dans le cadre de Stone Angels. Dès la première quinzaine du mois de mars 2011, Stone Angels prenait en charge la distribution de Cosmopolis, démontrant ainsi que son départ était organisé de longue date, et qu'il faisait fi de son obligation de non concurrence".

Mais, là encore, les prud'hommes ont rejeté ces arguments: "il n'est apporté aucune preuve accréditant le fait que M. Le Pogam aurait entamé des démarches visant à créer une société concurrente à EuropaCorp".

A bon compte

En tous cas, un point semble mettre d'accord Luc Besson et son ancien bras droit: le jugement indique qu'il est parti à cause de "désaccords" avec Christophe Lambert, le directeur général nommé par Luc Besson il y a trois ans.

Interrogés, EuropaCorp s'est refusé à tout commentaire. Toutefois, le studio de Luc Besson pourrait ne pas faire appel de la décision, estimant s'en tirer à bon compte, car il craignait de devoir payer plus. En effet, il avait passé dans ses comptes une provision d'un montant plus important que celui qu'il devra finalement débourser...

Mise à jour: contacté, Pierre-Ange Le Pogam indique qu'il a fait appel de la décision. De son côté, une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que "cette décision semble convenir aux dirigeants d'EuropaCorp".

Jamal Henni