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EXCLUSIF - Luc Besson perd son procès sur la série des "Taxi"

Le conflit portait sur le partage des 64 millions d'euros de recettes hors de France

Le conflit portait sur le partage des 64 millions d'euros de recettes hors de France - -

ARP, co-producteur de la série de films à succès, avait porté plainte contre EuropaCorp devant le tribunal de commerce, qui a condamné le studio de Luc Besson à payer 1,5 million d'euros.

La série des films Taxi a été un immense succès, et donc un jackpot financier. Mais depuis des années, ce magot est âprement disputé entre les deux co-producteurs de la série, EuropaCorp et ARP.

Fin 2009, ARP a fini par porter plainte contre le studio de Luc Besson devant le tribunal de commerce de Paris. Trois ans plus tard, les juges ont fini par condamner EuropaCorp à verser 1,46 million d'euros à ARP, soit la quasi-totalité de ce qui était réclamé (1,83 million d'euros).

Succès à l'international

Précisément, le conflit portait sur les épisodes 2, 3 et 4 de la série de films. Ils ont été distribués par ARP en France, et par EuropaCorp à l'international, où ils ont remporté un important succès: près de 15 millions de spectateurs, représentant 64 millions d'euros de recettes.

Concernant les ventes à l'étranger, le contrat stipulait que les recettes devaient être réparties entre les deux co-producteurs: 70% pour EuropaCorp et 30% pour ARP. Mais il prévoyait aussi que, avant de répartir cet argent, le distributeur -EuropaCorp en l'espèce- pouvait déduire les frais engagés pour ces ventes à l'international.

Et c'est ce EuropaCorp a fait, imputant toutes une série de dépenses: des frais d'avocat, "un déplacement en avion privé", des "frais généraux" lors du Festival de Cannes, un impayé d'un distributeur russe... Ceci à la grande fureur d'ARP, qui estimait ces déductions "indues".

"Inadmissible"

"Il est inadmissible qu'un mandataire [Ndlr: EuropaCorp] ne satisfasse à aucune de ses obligations, retienne des sommes impayées par devers lui et, a fortiori, reconnaît devoir d'importantes sommes qu'il ne règle pas", déplorait ARP dans sa plainte.

En outre, EuropaCorp "paye toujours avec retard, alors qu'il a toujours fallu des menaces d'actions judiciaires, ou des actions judiciaires, pour amener EuropaCorp à payer les sommes considérables correspondant à des arriérés". En effet, ARP avait auparavant engagé un premier procès en référé, avant de se désister.

EuropaCorp fait appel

Pour se défendre, EuropaCorp soulignait que la qualité du travail de commercialisation du film à l'étranger n'était nullement contestée. Le studio de Luc Besson ajoutait avoir déjà versé d'importantes sommes à ARP (7,1 millions d'euros) entre 2008 et 2011. Enfin, il arguait que, s'il avait dû fournir à ARP tous les justificatifs exigés, cela aurait représenté une telle "masse de travail" qu'il aurait vu "son activité totalement paralysée"...

Au final, les juges ont estimé que le conflit était en partie dû à ARP, qui disposait du droit de vérifier les comptes présentés par EuropaCorp, mais "ne l'a pas mis en oeuvre", et l'a même "complètement négligé", indique le jugement.

Mais le tribunal a estimé qu'EuropaCorp devait quand même justifier de tous les frais contestés. Et le studio de Luc Besson ne fournissant aucune explication "probante" dans la grande majorité des cas, il a donc été condamné à les régler lui-même.

En revanche, ARP, qui demandait à ce que les contrats soit résiliés, n'a pas obtenu gain de cause.

Interrogé, ARP s'est refusé à tout commentaire. De son côté, EuropaCorp a récemment fait appel.

Jamal Henni