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EXCLUSIF - TF1 gèle son projet de Netflix à la française

Le projet de TF1 était destiné à contrer l'arrivée en France de Netflix, qui n'a cependant jamais été confirmée officiellement

Le projet de TF1 était destiné à contrer l'arrivée en France de Netflix, qui n'a cependant jamais été confirmée officiellement - -

La Une met au placard son projet de vidéo-à-la-demande illimitée par abonnement, en raison de son coût élevé et de l'échec des négociations avec M6 pour partager les dépenses.

Le Netflix à la française concocté par TF1 attendra. La Une a récemment décidé de geler son projet de service de vidéo-à-la-demande illimitée par abonnement (en anglais SVoD pour subscriber video-on-demand) sur lequel elle travaillait depuis 2010.

En effet, la filiale de Bouygues a calculé qu'un tel projet coûterait cher: il aurait fallu investir au minimum 50 millions d'euros, notamment pour conclure des contrats avec les studios hollywoodiens. Une dépense difficile à engager alors que la Une cherche à réduire ses coûts tous azimuts.

"M6 nous a baladés"

La Une a bien tenté de s'associer, mais sans aboutir. Elle a d'abord discuté avec Jean-David Blanc, le fondateur d'AlloCiné, qui avait un projet de SVoD baptisé iCinéma.

Surtout, TF1 a discuté pendant près d'un an et demi avec M6 pour lancer un service en commun. Les négociations étaient conduites par Olivier Abecassis (directeur général d'eTF1) et Valéry Gerfaud (directeur général de M6 Web). Mais elles se sont définitivement arrêtées en début d'année, comme l'ont indiqué Les Echos. En effet, les régies publicitaires des deux chaînes se sont lancées dans une concurrence violente, ce qui a fait tourner à l'aigre les rapports entre les deux groupes.

TF1 n'a pas non plus apprécié les dénégations de Nicolas de Tavernost sur la SVoD: "je n’ai pas besoin de concurrents pour me développer. Pour qu’il y ait un clash avec TF1, il aurait fallu qu’il y ait des discussions...", déclarait le président du directoire de M6 le 26 mars lors d'un déjeuner avec l'Association des journalistes médias. "M6 a fait s'éterniser les discussions en rajoutant à chaque fois de nouvelles exigences. Rétrospectivement, on peut penser que M6 nous a baladés...", analyse un dirigeant de TF1.

Menace fantôme

Les services de SVoD en France sont encore embryonnaires. En 2012, ils ont représenté seulement 27 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon GfK et NPA. Les principaux sont ceux de Canal Plus et Wild Bunch (Filmo TV), qui revendiquent chacun 200.000 abonnés. Mais Wild Bunch vient de perdre au profit d'AB son contrat avec Orange, or ce dernier avait dopé ses recrutements.

Quant à Canal Plus, cela fait maintenant six mois qu'il déclare toujours le même nombre d'abonnés (200.000). La semaine dernière, son président Bertrand Meheut a assuré lors des asises de l'audiovisuel: "il n’est pas possible de rendre rentables de tels services". Régulièrement, on suppute sur un lancement en France de Netflix et Amazon, mais ils n'ont jamais été officiellement confirmés.

Dans son récent rapport, Pierre Lescure déplore que la SVoD "reste peu développée, en dépit des attentes qu’elle suscite chez les usagers. Elle ne représente que 10% du marché de la VoD et le nombre de services demeure limité. L’offre est jugée peu attractive, notamment parce qu’elle se limite à des films sortis en salles il y a plus de 36 mois, c’est-à-dire les films de catalogue. L’absence de nouveautés est un frein important à l’intérêt du public pour les offres de SVoD, et dissuade certains acteurs majeurs (TF1, M6, Dailymotion) de se lancer sur ce segment". Le rapport propose donc d'offrir en SVoD des films un an et demi après leur sortie en salles, mais Canal Plus s'oppose à cette solution.

Interrogée, TF1 a répondu que le projet de SVOD n'était pas définitivement abandonné, mais restait "à l'étude". De son côté, M6 a démenti nos informations.

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Jamal Henni