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Exclusif: les tops et les flops du cinéma français en 2012

"Les Kaïra" décroche la palme du film le plus rentable de 2012

"Les Kaïra" décroche la palme du film le plus rentable de 2012 - -

BFM Business a comparé les recettes des films français à leur budget. Verdict: au moins 86% des films ont perdu de l'argent...

Dans une tribune controversée, le producteur Vincent Maraval affirmait que 2012 avait été une année catastrophique pour le cinéma français. Selon lui, les films à gros budgets, plombés par des cachets de stars mirifiques, étaient tous déficitaires.

Pour en avoir le coeur net, BFM Business a voulu évaluer la rentabilité de tous les films français de l'année. Pour cela, nous avons comparé leur budget à leurs recettes estimées (cf. méthodologie ci-dessous).

Selon ces calculs, pas moins de 25 films sortis en 2012 étaient dotés d'un budget supérieur à 10 millions d'euros. Surtout, seulement 11 films au total seraient rentables, soit 9% des sorties de l'année. Si l'on inclut les 6 films quasiment à l'équilibre (rentabilité comprise entre 90% et 100%), on arrive à 17 films, soit 14%. Soit des taux comparables aux études réalisées par le passé sur le sujet, qui estimaient que seulement 12% à 17% des films produits étaient rentables. Passage en revue des tops et des flops de l'année passée.

Les films les plus rentables

*Les Kaïra (la comédie de Franck Gastambide) n'a coûté que 4 millions d'euros à la Gaumont, mais attiré un million de spectateurs: elle décroche donc la palme du film le plus rentable, avec un taux de 209%.

*Le prénom (adaptation de la pièce de théâtre par ses auteurs Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière avec Patrick Bruel) a fait rire 3,3 millions de Français, mais a coûté seulement 11 millions d'euros à ses producteurs (dont Pathé), soit un rendement de 156%.

*Adieu Berthe (la comédie de Bruno Podalydès avec son frère Denis) n'a coûté que 3,4 millions d'euros, mais a fait rire 665 030 amateurs de Valérie Lemercier, soit un rendement de 162%.

*Le dernier épisode de Kirikou a aussi bien marché que les précédents: il a attiré un million de bambins, malgré un budget conséquent de 7 millions d'euros, soit un taux de 128%.

*Les nouveaux chiens de garde (le documentaire engagé sur les médias) n'a coûté que 2 millions d'euros à son producteur Jacques Kirsner, mais a attiré 214 930 militants, soit un taux de 117%.

*Camille redouble (la comédie intello de et avec Noémie Lvovsky) a attiré 871 607 nostalgiques des années 80 pour un coût de 7 millions d'euros, soit un bon ratio de 109% qui ravit son producteur Gaumont.

*Les infidèles (la comédie avec Jean Dujardin) a attiré 2,3 millions d'heureux, mais n'a coûté que 12 millions d'euros à ses producteurs, et atteint donc juste l'équilibre (100%).

*les autres films rentables sont Et si on vivait tous ensemble? (116%), Le fils de l'autre (103%), ainsi que les documentaires Bovines ou la vraie vie des vaches (188%), La vierge, les coptes et moi (168%) et Les invisibles (118%). Sont quasiment à l'équilibre Du vent dans les mollets (98%), Mince alors! (97%), La vérité si je mens 3 (94%), Cherchez Hortense (93%), Le grand soir (90%) et L'amour dure trois ans (90%).

Les films les moins rentables

*Cendrillon au far west (dessin animé de Pascal Hérold) détient le triste record du film le moins rentable: 22 031 spectateurs pour 11 millions d'euros de budget... soit un rapport de 1%.

*La traversée (thriller de Jérôme Cornuau) montre que Michaël Youn devrait se cantonner à la comédie: seulement 63 916 spectateurs pour un budget de 8,2 millions d'euros, soit un rendement de 4%.

*Comme un homme (thriller de Safy Nebbou avec Charles Berling) a certes coûté peu cher (5,5 millions d'euros) mais a déplacé encore moins de monde (27 487 égarés), soit un rendement de 4,2%.

*Confessions d'un enfant du siècle (une adaptation de Musset par Sylvie Verheyde) n'a coûté que 4,25 millions d'euros, mais n'a déplacé que 26 288 fans de Charlotte Gainsbourg, soit un taux de 5,2%.

*Dans la tourmente (un policier de Christophe Ruggia avec Yvan Attal) a coûté 7,5 millions d'euros mais n'a déplacé que 82 423 personnes, soit un taux de 5,7%.

*L'homme qui rit (un drame réalisé par Jean-Pierre Améris) a coûté 13 millions d'euros à ses producteurs (dont EuropaCorp) mais n'a attiré que 143 987 cinéphiles (soit un rendement de 5,8%). Mais le film est toujous à l'affiche (il est sorti le 26 décembre) et a peut être été handicapé par la polémique autour de sa vedette Gérard Depardieu.

*Do not disturb (le remake de la comédie américaine Humpday par Yvan Attal avec François Cluzet) a aussi fait un gros flop: 105 310 afficionados pour 9 millions de budget, soit un taux de 6,2%.

*Bye bye Blondie (avec Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle) incitera peut être Virginie Despentes à retourner à l'écriture, n'ayant déplacé que 33 215 spectateurs pour un film qui a coûté 4 millions d'euros, soit un taux de 6,8%.

*Le Guetteur (un policier réalisé par l'italien Michele Placido avec Daniel Auteuil) a coûté 15 millions d'euros mais n'a attiré que 233 068 fans, soit un ratio de 8,1%.

*La mer à boire (un drame de Jacques Maillot) confirme que Daniel Auteuil -encore lui- ne déplace plus du tout les foules: 130 796 fans pour un budget de 7,2 millions d'euros, soit un taux de 9,5%.

*Mais qui a re-tué Pamela Rose (suite de Mais qui a tué Pamela Rose de et avec Kad et Olivier) a peut être déridé 243 019 spectateurs, mais n'a pas fait rire son producteur Gaumont, vu son un budget conséquent de 12,32 millions d'euros. Soit un rendement estimé de 10,3%.

*David et Madame Hansen (d'Alexandre Astier), sorti à la sauvette fin août, montre qu'Isabelle Adjani n'est plus bankable: 99 715 fans pour un budget de 7 millions d'euros, financé notamment par Pathé, soit un rendement de 12,5%.

Le titre de l'encadré ici

|||Méthodologie de l'enquête
L'étude prend en compte toutes les recettes d'un film, passées et à venir: entrées en salles, ventes de DVD, passages à la télévision, ventes à l'étranger...

Les recettes provenant des salles ont été calculées en multipliant le nombre d'entrées par la somme reversée à la filière sur un ticket de cinéma, tel que publié par le CNC pour l'année 2011: soit 2,43 euros en moyenne sur un ticket vendu 6,33 euros (ont été déduits la TVA, la taxe TSA versée au CNC, la taxe versée à la Sacem et la part conservée par la salle).

Concernant les autres recettes (DVD, TV....), elles restent à venir et donc ne peuvent être calculées avec précision. Nous avons donc recouru à une estimation, en nous basant sur ce qui a été constaté dans le passé. Nous avons repris les résultats de l'étude menée en 2008 par les chercheurs Olivier Bomsel et Cécile Chamaret. Celle-ci avait conclu que les entrées en salles représentaient 44% des recettes des films au budget supérieur à 7 millions d'euros; 29% entre 3 et 7 millions d'euros; et 22% en dessous de 3 millions d'euros. Autrement dit, pour estimer les recettes totales, nous avons donc multiplié les recettes en salles par un facteur allant de 2,3 à 4,5 (selon le budget du film).

Enfin, le pourcentage de rendement a été calculé en prenant le ratio entre les recettes estimées et le budget. Un rendement de 16% signifie que, pour 100 euros investis, 16 euros de recettes sont à prévoir. Inversement, un rendement de 140% signifie qu'on peut tabler sur 140 euros de recettes. 

A noter toutefois que certains films sortis récemment comme L'homme qui rit ou Main dans la main sont toujours à l'affiche, et donc qu'ils feront in fine plus d'entrées que dans ces calculs. Enfin, le calcul n'a pas été effectué pour six petits budgets (notamment des documentaires) dont le budget n'était pas connu: Rengaine, Entre les bras – la cuisine en héritage, Chercher le garçon, 10 11 12 Pougne le hérisson et De mémoires d’ouvriers.

Simon Tenenbaum et Jamal Henni