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Face aux attentats, les touristes délaissent la Turquie

Istanbul était la 7ème ville la plus visitée au monde en 2014

Istanbul était la 7ème ville la plus visitée au monde en 2014 - Moyan Brenn Flickr

Le pays vient de subir sa cinquième attaque terroriste depuis un an. Au mois de mai, le ministère du Tourisme a fait état de la plus forte baisse d'arrivées de touristes sur le territoire depuis 22 ans.

2016, annus horribilis pour le tourisme en Turquie. Déjà plombé par des attentats à répétition, il pourrait toucher le fond cette année après la triple attaque-suicide mardi soir à l'aéroport international d'Istanbul. Selon un bilan provisoire, au moins 41 personnes ont trouvé la mort et 239 ont été blessées dans cette nouvelle attaque frappant la première ville de Turquie, la plus visitée aussi.

La cinquième attaque kamikaze en Turquie depuis un an porte, selon Ankara, la marque de Daesh et, charrie, comme tout attentat-suicide, ses images choc de carnage - loin des brochures touristiques. Depuis un an, des attentats à Istanbul et Ankara ont fait près de 200 morts et des milliers de blessés et ont sinistré une industrie qui était l'un des grands pourvoyeurs de devises de l'économie turque, avec près de 30 milliards d'euros par an.

Chute de 35%

Telle était d'ailleurs l'une des motivations clairement affichées par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans sa revendication de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 11 morts, le 10 juin, dans le quartier historique de Beyazit, une zone touristique d'Istanbul. "Nous tenons à avertir les touristes étrangers en Turquie et ceux qui veulent s'y rendre: les étrangers ne sont pas notre cible mais la Turquie n'est plus un pays sûr pour eux", avait souligné l'organisation.

Pour le mois de mai, le ministère du Tourisme a fait état de la plus forte baisse d'arrivées en 22 ans, avec une chute de près de 35% du nombre de touristes étrangers, à 2,5 millions de visiteurs.

Si le nombre de touristes russes s'est logiquement effondré en raison de la brouille diplomatique entre Ankara et Moscou (-90%), les arrivées ont baissé aussi pour les autres nationalités - Allemands, Géorgiens et Britanniques en tête. Au total, sur les cinq premiers mois de l'année, elles ont baissé de 23%.

Le transport aérien visé

Avec l'attentat à l'aéroport Atatürk, c'est le transport aérien qui est visé, et la compagnie Turkish Airlines, fleuron de la Turquie moderne du président Recep Tayyip Erdogan, qui possède l'une des flottes les plus modernes au monde.

Dans ce contexte, les efforts de la Turquie pour promouvoir une industrie du tourisme bouleversée par l'insécurité ambiante paraissent bien vains. Le gouvernement turc a annoncé au printemps un plan d'aide de plusieurs millions d'euros pour soutenir l'activité touristique, mais qui semble dérisoire.

En désespoir de cause, les autorités turques ont même récemment fait couler un Airbus A300 au large de Kusadasi, un complexe touristique très populaire de la mer Egée, pour y encourager le tourisme lié à la plongée sous-marine. Une image métaphorique, peut-être, pour toute une industrie qui sombre.

D. L. avec AFP