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Fatigue passagère ou burn-out, comment savoir?

Au-delà de 15 jours de fatigue, il faut consulter.

Au-delà de 15 jours de fatigue, il faut consulter. - Ed Jones- AFP

Les personnes qui se sentent fatiguées, stressées, qui n'arrivent plus à se concentrer, souffrent-elles toutes du burn-out, ce syndrome d'épuisement professionnel? Le diagnostic est en fait difficile à établir.

Dans les conversations entre collègues, le mot burn-out revient souvent, mais à tort et à travers. Untel se dit friser le burn-out à cause des exigences d'un client, un autre parce qu'il a passé une mauvaise nuit ou parce qu'il est stressé par un dossier plus compliqué que prévu… Or les personnes qui sont touchées par ce syndrome d'épuisement professionnel sont les dernières à réaliser qu'elles en souffrent. Les symptômes qu'elles affichent peuvent être provoqués par bien d'autres maladies, mais surtout ces personnes sont souvent dans le déni. Le corps médical lui-même avance avec prudence dans l'établissement du diagnostic.

"Les gens vous racontent ce qu'ils ressentent. Dans la plupart des cas, ils parlent avant tout d'une fatigue qui les assomme. Or en médecine on essaie de se baser sur des choses objectives comme une toux ou des plaques rouges," explique Ali Afdjei, médecin d'urgences et de catastrophes et co-auteur du livre "Burn-out, le vrai du faux" (Editions la Providence).

Les patients ne quémandent pas des arrêts maladie

Ces personnes ne comprennent pas ce qui leur arrive. "En consultation, elles nous expliquent qu'elles n'étaient pas comme cela avant, qu'elles se rendaient autrefois au travail avec entrain, mais que désormais elles sont à bout", détaille le docteur. "En tout cas, elles ne sont pas à la recherche d'un arrêt maladie", souligne-t-il.

Comment savoir si ces personnes souffrent d'une fatigue passagère, d'une dépression ou bien d'un épuisement professionnel? Au préalable, il faut faire un bilan sanguin, pour savoir si cette fatigue n'a pas une cause médicale. Le médecin doit ensuite prendre le temps de parler avec le patient.

"Ce n'est pas toujours facile, les gens ont souvent du mal à s'ouvrir. Mais en leur demandant comment cela se passe dans leur boulot, c'est là qu'on peut déclencher des confidences", raconte Ali Afdjei. C'est alors que ce patient peut expliquer qu'il souffre d'une pression permanente de la part de ses managers, qu'il est rongé par le stress et a perdu le sommeil depuis deux semaines face à la masse de travail à faire.

Une perte de l'estime de soi

Les personnes touchées par le burn-out sont souvent sensibles et consciencieuses. Elles cherchent à surmonter ces épreuves en doublant leur investissement, d'où leur grande fatigue. Et elles entrent dans un cercle infernal: elles ont alors de plus en plus de mal à se concentrer, les tâches qu'elles accomplissaient d'habitude sans difficulté deviennent insurmontables. Au final, ces personnes finissent par se replier sur elles-mêmes, perdent leur estime d'elles-mêmes.

"Dans le cas d'une dépression, les gens sont frappés d'une grande fatigue, mais n'ont surtout plus goût à rien. Avec le burn-out, c'est plutôt le contraire, les gens sont hyper actifs, ils veulent à tout prix tout faire pour remplir leur mission", détaille Ali Afdjei.

Repenser ses conditions de travail

Autre signe qui doit aider le médecin à établir son diagnostic: des troubles de la nutrition. Si la personne se met à manger à outrance ou à l'inverse ne peut plus rien avaler, elle a toutes les chances d'être en burn-out.

Mais ce syndrome n'a rien de définitif. La première chose à faire est de lever le pied. Un arrêt maladie d'une à deux semaines peut permettre de recharger les batteries. Mais il faut surtout assainir ses conditions de travail si l'on ne veut pas retomber dans les mêmes travers. "Il faut pourquoi pas aller voir son manager pour lui expliquer le souci, en parler à ses collègues pour voir s'ils n'ont pas les mêmes ressentis, signe qu'il faut revoir en profondeur la fonction de travailler" conseille le médecin.

Cet épisode peut aussi avoir des effets positifs: les personnes apprennent à mieux se connaître et peuvent avoir des idées nouvelles pour leur carrière professionnelle.

Coralie Cathelinais