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Faute de marché, Google doit redéfinir la stratégie de ses Glass  

Depuis des mois, cet appareil connecté est perçu avec suspicion par le grand public. En cause, sa capacité à photographier ou filmer en toute discrétion. Aux États-Unis, nombre de commerce (restaurant, cinéma…) ont interdit leur usage.

Depuis des mois, cet appareil connecté est perçu avec suspicion par le grand public. En cause, sa capacité à photographier ou filmer en toute discrétion. Aux États-Unis, nombre de commerce (restaurant, cinéma…) ont interdit leur usage. - Google

Les Google Glass devaient être une révolution technologique aussi puissante que celle créée par Apple avec l’iPhone. Erreur ! Désormais, c’est le monde professionnel qui voit dans ce gadget, l’outil qu’il leur faut.

Depuis des mois, que la rumeur de l’abandon des Google Glass court. Ce bruit s’est amplifié au second semestre 2014 avec le départ en juillet dernier de Babak Parviz, l'un des créateurs des lunettes connectées et celui d’un groupe de développeurs du programme de test.

Dès hier, jeudi 15 janvier, les réactions à l'annonce de l’arrêt de la commercialisation des "Glass" se sont enchaînées. Pour le grand public, Google jette l’éponge. Mais en fait, il n’abandonne pas encore ce projet, il le redéfinit. Il a donc décidé de fermer le programme de tests aux nouveaux développeurs.

La société ne dit pas combien font déjà parti de ce groupe. Selon nos sources, leur nombre dépasserait les 30.000 testeurs dans le monde. Désormais, ils planchent sur le développement de solutions pour l'entreprise.

Depuis des mois, cet appareil connecté est perçu avec suspicion par le grand public. En cause, sa capacité à photographier ou filmer en toute discrétion.

Aux États-Unis, nombre de commerces (restaurant, cinéma…) ont interdit leur usage. Des porteurs de Glass ont même été agressés dans les rues.

"La stratégie de communauté des développeurs de Google Glass s’oriente vers le BtoB (business to Business), et c’est une bonne chose", nous a indiqué David-Henri Bismuth, responsable du laboratoire de Niji, une agence de conseil en design et en développement de logiciel.

A la recherche d'un business model

Pour ce spécialiste, ce produit a toutes les qualités pour satisfaire des usages professionnels. "Dans la médecine, la logisitique, l’assurance, le transport ou la formation, ces lunettes peuvent trouver leur place. Elles sont géolocalisables et pilotables sans les mains. C’est un atout.", ajoute le spécialiste.

Google a donc décidé non pas de jeter l’éponge, mais de faire autre chose. D’ailleurs, le programme Google Explorer se poursuit, les lunettes sont toujours garanties et remplacées et la vente des accessoires se poursuit. Par contre, Google n’en vendra plus. Le seul moyen de s’en procurer, est d’aller sur eBay où elles se vendent encore entre 900 et 2000 dollars. Sur son site, Google les vendait 1.500 dollars aux développeurs faisant partie du programme.

Difficile pourtant de ne pas parler d’échec, même si le mot fait un peu mal. Google fait une croix définitive sur un marché de plusieurs millions d’individus pour s’orienter sur des niches, certes à forte valeur ajoutée, mais tout de même des niches.

Pour réussir, le groupe américain compte sur Ivy Ross, qui remplace Babak Parviz à la tête du projet, et bien sûr sur Tony Fadell, patron de la division, qui a conçu le thermostat connecté Nest (racheté par Google il y a un an), mais aussi l’iPod lorsqu’il était chez Apple.

Ensemble, ils devront redéfinir le concept sur la forme et le fond. Dans un message, Google indique que de nouvelles versions seront présentées "quand elles seront prêtes".

Le dossier Google Glass n'est donc pas clôt... pour le moment.

Pascal Samama